Loin d’être un secret de polichinelle, la Primature a donné de la voix un peu tard dans l’après-midi, ce jeudi 15 août 2019. C’est après les heures qui ont suivi les publications en Unes de presse annonçant le dépôt de la première mouture au président de la République, Félix Tshisekedi, que la Primature a vivement réagi à toutes ces allégations.

Pourtant, tous les yeux étaient rivés vers la présidence qui devrait donner forme à ce “cesam”. Dans la presse, les signaux étaient clairs. Il ne restait à Félix Tshisekedi que de donner son quitus pour évoluer. Surprise générale, selon les médias, le président de la République a asséné un coup à cet élan d’espoir par le rejet des listes des ministrables proposées par les deux forces coalisées, FCC-CACH.

Le président Tshisekedi aurait refusé mercredi une première mouture de Gouvernement, attendu depuis sept mois, estimant qu’il ne respectait pas assez la parité et le renouvellement des générations, selon une source proche du Premier ministre évoquée par l’ensemble de la presse.

Plus loin encore, le chef de l’Etat aurait fait observer au Premier ministre que la liste ne respectait pas la recommandation sur la représentativité des femmes et qu’elle ne tenait pas compte de l’équilibre entre les vieilles figures de la politique du pays et les jeunes.

Tout allait par ailleurs dans ce sens. Le patron du Gouvernement avait tenu, après avoir remis mercredi 07 août 2019, les outils de travail pour la désignation des candidats aux différents ministères aux plateformes politiques formant la majorité parlementaire, (FCC et CACH), ces derniers étaient tenus au respect du chronogramme en vue de déposer, dans le délai, leurs listes respectives. Ce qui fut fait le dimanche 11 août 2019.

« Notre objectif est de doter le pays, dans cette période de tous les défis et de tous les enjeux, d’un Gouvernement constitués d’hommes et femmes droits et intègres pour pouvoir, sous l’impulsion du Chef de l’Etat, permettre à notre pays de contribuer à l’amélioration de vie des citoyens congolais », avait-il souhaité.

Force a été de constaté qu’en dépit de ces détails qui font allusion à des sources citées dans la presse, des sources concordantes proches de la Primature, les services de cette même instance politique ont donné une version contradictoire. A savoir que le Premier ministre poursuivrait, en toute sérénité et dans la transparence envers les plateformes membre de la coalition, l’analyse des listes des personnalités lui proposées pour faire partie du gouvernement.

Toujours selon ce démenti, Sylvestre Ilunga se serait entrain de peaufiner lesdites listes au niveau de la Primature. En somme, ces listes n’ont pas encore été acheminées auprès de Félix Tshisekedi.

Cité comme source de cette déclaration contradictoire, un conseiller du premier ministre, à l’occurrence Albert Liyeke, aurait épinglé le caractère sérieux de cet exercice, sur lequel se fondent les espoirs de la population, ne laissant pas de place ni aux effets d’annonce, ni à un compte rendu quotidien de ce processus dans les médias.

Plus loin, selon d’autres sources, l’on s’accorde à souligner que le jugement du Premier ministre Sylvestre IIunga Ilunkamba est sans appel. Pour lui, les deux plates-formes au pouvoir, le Front commun pour le Congo (FCC) et Cap pour le changement (Cach), n'ont pas respecté les consignes.

Sur la liste des ministrables du FCC figurent par exemple « quelques noms qui posent problème et qui dérangeraient l'opinion », explique une source du même camp, à savoir les noms de personnalités sous le coup de sanctions de l'Union européenne et des États-Unis.

Or, le Premier ministre n'en veut pas dans son équipe, ce qui lui aurait d'ailleurs attiré l’ire de ses collègues du FCC. L’on estimerait que les sanctions occidentales n'ont rien à voir avec une « condamnation judiciaire ferme ».

Autre explication du retard dans la présentation de la liste gouvernementale : les deux plates-formes n'ont pas fait émerger les femmes et les jeunes dans leurs propositions. Selon une source à la primature, sur la question des femmes, Cach aurait demandé « plus d'indulgence ». La coalition présidentielle aurait même avoué ne pas avoir un « nombre consistant » de femmes à proposer pour ses 23 postes ministériels.

Les coordonnateurs du FCC et du Cach ont dû revoir leur copie avec une ultime échéance le jeudi 15 août, car le Premier ministre est désormais engagé dans une course contre la montre.

Sylvestre Ilunga est censé soumettre la première mouture d'équipe gouvernementale au président Félix Tshisekedi avant que ce dernier ne s'envole dans les prochaines heures en Tanzanie pour un sommet de la SADC, la Communauté de développement d'Afrique australe.

Raymond Okeseleke


(ROL/Yes)