Ordonné troisième patriarche des orthodoxes d’Érythrée en 2004, Abune Antonios se démarque vite par sa liberté de ton. Le religieux accuse le gouvernement d’interférer dans les affaires de l’Eglise. Il lui demande d’arrêter d’organiser des lectures collectives de la Bible et de relâcher les chrétiens accusés de trahison. Abune Antonios refuse aussi d’excommunier 3 000 membres d’une école orthodoxe.

Son comportement ne plaît pas à la dictature d’inspiration marxiste. C’est alors le début de la descente aux enfers pour le patriarche. En juin 2006, il est démis de ses fonctions et placé en résidence surveillée. Un an plus tard, le gouvernement le remplace. Abune Antonios est alors déplacé dans un endroit inconnu. Les protestations lancées dans le monde n’y font rien : pendant une décennie, le chef religieux est maintenu au secret.

Exceptionnellement il y a deux ans, après une forte pression internationale, le gouvernement l’autorise à faire une brève apparition publique. Abune Antonios assiste à une messe en la cathédrale Sainte Marie d’Asmara, sans pouvoir faire de sermon ni parler aux croyants.

Quelques jours plus tard, le gouvernement dit l’avoir placé dans un endroit plus confortable, mais toujours au secret. Malgré la paix conclue il y a un an avec l’Éthiopie et les espoirs suscités en matière de droits de l’homme, le régime érythréen continue de piétiner les libertés religieuses.

Sébastien Németh/RFI


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