Selon le rapport d'OCHA, les affrontements entre groupes armés ont repris dans le territoire de Masisi depuis début janvier 2024, après une légère accalmie. Le contexte humanitaire continue de se détériorer, avec des déplacements massifs de population et des atteintes aux droits humains. En depit du contexte volatile, les acteurs humanitaires ont maintenu leur presence et continuent d’apporter la réponse aux besoins des populations affectées.

Dans le territoire de Masisi, les combats récurrents entre groupes rebelles ont fait au moins huit civils tués depuis mi-décembre, occasionnant des déplacements de population vers plusieurs localités, notamment Kitshanga (chefferie de Bashali) et Mushebere (chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru), ainsi que sur les collines surplombant Sake vers Bweremana, Shasha et Sake au Nord-Kivu et Minova au Sud-Kivu. Selon la Croix-Rouge congolaise, plus de 72 000 personnes déplacées vivent désormais dans des conditions d’extrême précarité en raison de la surpopulation engendrée par l’afflux de nouveaux deplacés vers les villages situés sur l’axe Sake-Bweremana. Le nombre d'arrivées augmente également à Rubaya. Les besoins humanitaires deviennent de plus en plus urgents pour les populations deplacées dans la zone de santé de Kirotshe. De plus, la pression croissante sur Sake qui compte près de 10 000 ménages déplacés répartis sur quatre sites de déplacés, entraîne également des mouvements de population vers les sites de la ville de Goma, qui sont déjà saturés.

Dans le territoire de Beni, on note un regain des attaques meurtrières contre les populations civiles. Depuis le 15 décembre, au moins 26 civils ont été tués lors d'attaques et d'affrontements dans plusieurs villages. Selon les acteurs de protection civile, 518 personnes ont été tuées par des hommes armés dans 240 incidents enregistrés en 2023 dans les territoires de Beni et Lubero, au Nord-Kivu.

Dans le territoire de Rutshuru, la situation de protection des civils demeure préoccupante, en dépit d’une accalmie observée depuis début janvier. Entre le 3 et le 11 janvier, des hommes armés on enlevé 13 personnes. Par ailleurs, plusieurs sources de la société civile locale ont rapporté des cas d'assassinats ciblés contre des civils dans les groupements de Bukombo et Bambo. Selon certaines sources locales, un conflit entre des éleveurs et des agriculteurs aux abords de la cité de Rutshuru centre a dégénéré en un affrontement dans la soirée du mardi 2 janvier, causant plusieurs blessés. Ce conflit naissant entre agriculteurs et éleveurs constitue un nouveau facteur d'instabilité sociale et de détérioration du contexte de protection des civils à Rutshuru.

Dans le territoire de Nyiragongo et la ville de Goma, l'activisme des éléments des groupes armés dans les sites de déplacés préoccupe les acteurs humanitaires. Ces éléments armés seraient auteurs de plusieurs cas d'enlèvements de civils, d'arrestations arbitraires et de diverses formes de tracasseries signalées dans les sites de deplacées.

Au moins deux personnes déplacées ont déjà été tuées dans les sites et leurs environs à Goma et dans le territoire de Nyiragongo depuis le début du mois de janvier.

Dans le territoire de Walikale, l'agglomération de Hombo a été durement touchée par des inondations à la suite de fortes pluies survenues le 7 janvier 2024. Des sources humanitaires et locales estiment à plus de 24 000, le nombre de personnes affectées par les inondations, soit près de 9 000 ménages sinitrés dans 12 aires de santé.

Les dégâts matériels sont nombreux et les pertes sont significatives. Une partie du Centre de santé de Hombo Nord a été partiellement détruite sous la force des eaux de ruisellement et au moins neuf petits ponts de franchissement des rivières ont été emportés. Les autorités locales ont également confirmé la perte de nombreux animaux domestiques emportés par les eaux et la destruction des champs de cultures due aux inondations. Une équipe de l’ONG MEDAIR est arrivée dans la zone le 12 janvier 2024 pour évaluer la situation.

Gisèle Tshijuka