Au cours de cette 4ème réunion du gouvernement du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde, le vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, Daniel Aselo, a fait le point sur la poursuite des opérations militaires en Ituri et au Nord-Kivu, dans le cadre de l’état de siège. Mais également il a dressé l’état du territoire dans son ensemble non sans faire référence aux réactions suscitées par les propos du président rwandais tenus en marge du sommet de Paris sur le financement des économies africaines.

« Le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, Décentralisation, Sécurité et Affaires Coutumières a présenté l’état du territoire national. La situation est relativement calme. Il a noté l’expression d’indignation de la population congolaise à la suite des déclarations du président rwandais sur l’implication connue de l’armée de son pays dans les crimes commis dans la partie Est de la République Démocratique du Congo », peut-on lire dans le compte-rendu du gouvernement signé par le porte-parole, Patrick Muyaya.

Pour rappel, dans une interview accordée, lundi 17 mai 2021, aux médias français France 24 et RFI, Paul Kagame a totalement nié les massacres commis par son armée en RDC ou des rebellions congolaises ayant agi sous son impulsion. « Il n’y a pas eu des crimes en RDC, absolument pas ! », a nié le président rwandais. Kagame s’en est pris également au prix Nobel de la Paix congolais, Denis Mukwege. Pour lui, le gynécologue congolais bénéficie du soutien des forces "invisibles" dans sa réclamation de la mise en œuvre des recommandations du Rapport Mapping. Un rapport onusien qu’il a qualifié de « controversé ».

Des propos qui ont provoqué une vague de réactions au sein de l’opinion congolaise. "La politique de bon voisinage ne peut oblitérer la mémoire, source de l’histoire et fondement de la paix et la stabilité à venir. Dans les Grands Lacs, on ne fera pas l’économie de la vérité des faits et des tragédies qui ont émaillé nos relations avec nos voisins, dont le Rwanda", a écrit le député national, Delly Sessanga sur son compte Twitter, mardi dernier.

Ce député élu du territoire de Luiza dans le Kasaï central pense que c’est que Paul Kagame refuse d’admettre pour son peuple, il ne peut le soutenir pour la RDC. "Ce que le président Paul Kagame refuse d’admettre pour son peuple, au nom de la dignité humaine, il ne peut le soutenir sur la RD Congo au nom d’un culte de l’oubli. Évoquer la mémoire, c’est conjurer le sort des tragédies passées pour l’avenir. Inviter à l’oubli, c’est les perpétuer", a-t-il ajouté.

De son côté, Adolphe Muzito ne met pas des gans : « Paul Kagame ne comprend que le langage de la force », a réagi l’ancien Premier ministre de Joseph Kabila. Muzito pense qu’il faut faire la guerre contre Kigali pour obtenir la paix en RDC, estimant que lui-même Kagame étant venu au pouvoir par la force.

Le journal Le Phare a, pour sa part, rappelé que « la réaction épidermique de Kagame étonne plus d’un Congolais, témoin vivant des safaris militaires de l’armée rwandaise et des mouvements rebelles à la solde de pouvoir de Kigali en terres congolaises de 1996 à nos jours. »

Dido Nsapu


(DN/PKF)