L’Institut facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC) a abrité, ce matin, une conférence sur les Web journalistes qui a pour thème : « Matinée d’immersion des Web journalistes face à la déontologie ». "Nous avons reçu plusieurs plaintes visant la diffamation dont les journalistes se seraient rendus coupables", a déclaré Désiré-Israël Kazadi, président de l’ONG Freedom For Journalist (FFJ) en introduisant cette réflexion dont l’objectif est de rappeler les normes déontologiques aux acteurs des médias d’information en ligne de Kinshasa.

Cette activité a été organisée en perspectives des élections urbaines, municipales et locales qui se pointent à l’horizon. Le chef des Travaux, Claude Mukeba qui a représenté le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSAC) a indiqué que les journalistes doivent observer les règles d’éthique et de déontologie pendant la période électorale. Axant sa réflexion sur « les directives en lien avec les élections locales », le représentant du CSAC note que son institution « va prendre des actes, notamment des directives » pour réguler les médias pendant cette période électorale, si ces élections arrivaient à être organisées.

Mais il indique dans ses actes de prévention et de sanction, le CSAC privilégie toujours les actes de prévention, donc la pédagogie. Cela, pour ne pas tomber dans des mesures qui pourraient paraitre liberticides, en fermant, par exemple, des médias ou en suspendant des émissions.

Georges Wawa, professeur de presse écrite à l’IFASIC, démontre la « toute puissance » des médias en ligne qui, selon lui, présentent aux consommateurs une offre plus diversifiée. « Les flux sont diversifiés et étendus… », a rappelé ce professeur. Mais ces « médias en ligne ne remplacent pas les médias traditionnels », ménage-t-il. Il met toutefois en garde les Web journalistes face à une confusion qui peut naitre des producteurs des contenus en ligne. « Aujourd’hui, tout le monde peut être émetteur ou récepteur des contenus médiatiques », a-t-il prévenu. Ce qui justifie les fausses nouvelles ou les « Fake news » sur internet. Pour faire face à cette situation, Georges Wawa conseille aux Web journalistes de ne pas se départir des normes qui caractérisent leur métier, notamment l’exactitude, l’équilibre dans la relation des faits, l’impartialité et le sens de responsabilité. « C’est que vous ne ferez pas avec un correspondant réel, ne le faites pas en prenant l’Internet comme bouclier », a-t-il conseillé.

Stéphane Kitutu Oleontwa, ancien patron de l’OZRT (RTNC) et ancien responsable de Canal Congo TV, a quant à lui, partagé sa longue expérience de journaliste avec ses jeunes confrères exerçant ce métier exclusivement en ligne. « Si nous intériorisons notre code d’éthique et de déontologie, explique-t-il, il est difficile que nous tombons dans la diffamation ».

Stéphane Kitutu fait savoir également qu’il est tout de même difficile d’échapper complètement à des arrestations dans ce métier, rappelant son interpellation, en 1968, après avoir livré à la RTNC un détail sur le voyage du général Mobutu à Lausanne (Suisse). « J’ai dit que le général Mobutu après son périple européen allait se reposer en chalet à Lausanne », relate-t-il aux journalistes. Un détail pourtant vrai mais qui lui a coûté « 15 jours de garde à vue » par les services des renseignements. Estimant qu’il incitait le peuple à la révolte en donnant, par ce bout de détail, l’image d’un Mobutu jouisseur.

Dido Nsapu


(DNK/Yes)