Cette édition a été ouverte par la présidente de la Fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila, la députée nationale, Jaynet Kabila. Dans son discours, elle a rappelé le thème majeur de cette édition axée sur « la vision politique de Mzee Laurent-Désiré Kabila : conscience et éveille patriotique ». La patronne de la fondation a rappelé les similitudes entre la vie de ces deux personnalités illustres de la RDC.

« Pour cette cinquième édition, la Fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila en collaboration avec la Fondation Patrice Emery Lumumba représentée par Roland Lumumba, décident de rendre hommage à nos deux héros nationaux, Kabila-Lumumba, tous deux arrachés à la vie par assassinat. », a affirmé Jaynet Kabila, soulignant la « coïncidence » du destin entre les deux héros.

Pour ce rendez-vous devenu traditionnel, trois orateurs ont édifié le public notamment sur la notion de l’hymne national, le « Débout Congolais ». Il s’agit du révérend père Gabriel Basuzwa, les professeurs Pépin Guillaume Mandjolo et Michel Bisa Kibul. Sous la modération du professeur Toussaint Tshilombo, les trois panélistes ont décortiqué les paroles contenues dans l’hymne national sans s’écarter du sous thème du jour : « Kabila-Lumumba : même combat, même destin ».

A en croire le père Gabriel Basuzwa, les Congolais doivent arrêter de recourir aux étrangers surtout pour des questions de souveraineté. « Aujourd’hui, nous recourons aux étrangers pour travailler à notre place même dans les domaines qui risquent de compromettre notre souveraineté nationale. Même pour dire la vérité sur l’agression dont la RDC est victime, nous passons par Charles Onana, un journaliste d’investigation, un Camerounais. », a-t-il fait savoir. Et d’ajouter : « Nous faisons comme si nous étions incapables de défendre notre droit et celui de notre postérité. Heureusement qu’en ce jour du 16 et 17 janvier 2024, nous commémorons nos héros nationaux Patrice Emery Lumumba né le 2 juillet 1925, assassiné le 17 janvier 1961 et Mzee Laurent-Désiré Kabila, né le 27 novembre 1941 et assassiné le 16 janvier 2001 ».

Il a indiqué que cette commémoration était également une occasion de se souvenir de Kimpa Vita Nsimba née en 1684 et assassinée en 1706. Selon lui, Kimpa Vita a, à l’âge de 16 ans, mis en garde les Congolais d’hier sur la manière de concevoir Dieu sous l’esclavage. Le point commun des héros célébrés en ce jour est qu’ils ont réussi à « défendre notre intégrité nationale jusqu’au sacrifice suprême », a-t-il rappelé.

De son côté, le professeur Michel Bisa pense que l’attitude des Congolais aujourd’hui ne reflète pas les paroles de l’hymne national. « L’hymne national est une forme de prière. C’est ce qui donne corps à notre nation », a-t-il indiqué. « Sommes-nous vraiment débout ? », s’est-il interrogé au sujet du « Debout Congolais ». Pour lui, les Congolais ne sont pas débout, même pas à genou mais plutôt couchés. « Pouvons-nous regarder le président kényan dans les yeux et lui dire que nous aussi nous existons ? », s’est-il encore interrogé, remettant en cause la capacité des citoyens congolais à assurer la grandeur de leur pays et à être un « peuple ardent » comme le souligne l’hymne national. Les Congolais devraient restés débout comme ceux qui ont défendu ensemble l’indépendance du pays. « Kasa-Vubu a exigé la présence de Lumumba à la Table ronde [de Bruxelles] alors qu’ils étaient des adversaires politiques », a insisté Michel Bisa pour parler de l’unité et de la cohésion nationale.

Par ailleurs, le professeur Pépin Guillaume Mandjolo a notamment évoqué la volonté de vivre ensemble. La défense de l’héritage commun comme l’ont fait Patrice Lumumba et Laurent-Désiré Kabila. Pour lui, il faut enseigner aux enfants les souffrances des « mains coupées » sous la colonisation et les morts de l’Est du pays ainsi que les résultats de ces souffrances pour qu’ils prennent conscience de la poursuite du combat commun.

Cette leçon publique a connu la participation des élèves du primaire et du secondaire. Lors de la commémoration de 2023, cet exercice pédagogique consistait à évaluer si la balkanisation d’un pays pouvait se faire avec ou sans l’aval de sa population. Le résultat de cet exercice a été édifiant : le public présent – ce jour là – dans cette salle des spectacles pensait, dans sa majorité, qu’il ne pouvait y avoir balkanisation que si le peuple s'impliquait. Tant que les Congolais refusaient la balkanisation, cela ne pouvait avoir lieu.

Dido Nsapu