Depuis le 1er avril 2024, Madame Judith Suminwa Tuluka est nommée Première ministre de la République démocratique du Congo. Une première dans l’histoire de ce pays depuis son indépendance en 1960. Originaire du Kongo Central, au sud-ouest de la RDC, la nouvelle Première ministre était d’abord membre d’un gouvernement dans lequel le président Tshisekedi a accordé une bonne place aux femmes, atteignant un seuil historique de représentativité dans l’équipe  gouvernementale Sama Lukonde I et II.

Dans le gouvernement sortant (Sama Lukonde II), il y a eu 5 vice-Premiers ministres (VPM), 11 ministres d’Etat, 29 ministres, 1 ministre délégué, et 12 vice-ministres. En termes de pourcentage, ce gouvernement a eu encore plus de femmes. Sur un total de 58 membres, seize étaient des femmes. Ce qui fait que l’on passe de 27% dans la première équipe (15 femmes sur 56 membres dans Sama Lukonde I) à 28%. Une première dans l'histoire RD congolaise.

Malgré le fait que la Constitution du pays, en son article 14, parle de la parité homme-femme, le pays n’a jamais eu autant des progrès en termes de représentativité de la gente féminine dans les institutions. Depuis l’indépendance, le poste de Premier ministre a toujours été confié aux hommes. Félix Tshisekedi institue une nouvelle ère en accordant le bureau de l’avenue Roi Baudouin à une femme.

Le chef de l’Etat congolais en a fait pareil à la Banque centrale du Congo. Pour la première depuis 1960, une femme, Malangu Kabedi Mbuyi, est aux commandes de cette puissante institution financière du pays, remplaçant ainsi 12 prédécesseurs hommes depuis 1961, année de création de cette banque. Jusqu’ici, les profils des femmes choisies par Tshisekedi laissent parfois la gente masculine bouche bée, manquant où placer des critiques au regard de leurs compétences et parcours. Une économiste rompue,  Madame Malangu Kabedi Mbuyi est notamment passée par le Fonds monétaire internationale (FMI).

Alors que, de son côté, Madame Judith Suminwa Tuluka est notamment un produit du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Elle a une maîtrise en Economie appliquée obtenue à l'Université libre de Bruxelles (ULB). Elle possède aussi un diplôme d'études complémentaires en Travail dans les pays en voie de développement. Judith Simunwa Tuluka a travaillé également dans le secteur bancaire avant de rejoindre les agences des Nations unies dont le PNUD où elle a été experte nationale dans un projet d'appui communautaire dans l'Est de la République démocratique du Congo. Elle a ensuite exercé au cabinet du ministère du Budget avant de devenir la coordonnatrice adjointe du Conseil présidentiel de veille stratégique (CPVS), une structure qui analyse et anticipe des actions du chef de l’Etat congolais. Avant d’être nommée Première ministre, elle était déjà ministre d’Etat en charge du Plan en République démocratique du Congo. Elle supervisait le Programme de développement local des 145 territoires de la RDC (PDL-145 T).

Le président Félix Tshisekedi avait été plébiscité, à la fin de son mandat à la tête de l’Union africaine, « champion de la masculinité positive » pour son combat au profit de la promotion du genre et de la lutte contre les violences faites aux femmes. Il continue la promotion du genre dans plusieurs de ses actions, depuis son accession à la magistrature suprême en RDC.

Dido Nsapu