Dans un bref communiqué, le ministère chinois des Affaires étrangères a confirmé la fermeture du consulat et indiqué que la Chine avait "pris possession" du bâtiment à 10h, heure locale.  

Inauguré en 1985, le consulat américain de Chengdu est devenu vendredi le dernier sujet d'une longue liste de contentieux entre Pékin et Washington, lorsque la Chine a ordonné la fermeture de la mission. Cette décision a été la réponse du régime communiste à la fermeture forcée de son consulat de Houston aux États-Unis par l'administration Trump, sur fond d'accusations d'espionnage dignes de la guerre froide.  

La fermeture du consulat américain de Chengdu est le symbole de l'escalade des tensions entre la Chine et les États-Unis. "Cela ressemble beaucoup à une nouvelle guerre froide qui serait plus motivée par des questions commerciales qu'idéologiques et qui n'implique pas de blocs comme lors de la guerre froide telle qu'on l'a connue", a expliqué le grand reporter Cyril Payen lundi sur France 24. 

"Une propriété nationale de la Chine"

Très symboliquement, la bannière étoilée des États-Unis avait été descendue peu auparavant à l'intérieur du complexe diplomatique, selon des images de la télévision chinoise. Contrairement aux jours précédents, les journalistes étrangers n'ont pas été autorisés par les forces de l'ordre à approcher de la représentation diplomatique. 

"En Chine, tous les yeux sont tournés vers Chengdu"

Un peu plus tôt, des employés ont quitté à pied l'enceinte diplomatique. Certains portaient un sac sur le dos tandis que d'autres poussaient leur vélo à la main. La veille déjà, un autocar aux vitres teintées avait quitté l'enceinte diplomatique, sous les huées d'une partie du public.  

Pékin avait protesté après l'entrée par la force vendredi dernier d'agents américains après le départ des fonctionnaires chinois. Ce bâtiment est "une propriété nationale de la Chine", avait souligné le ministère chinois des Affaires étrangères, se référant au droit international.  

Photos, drapeaux et noms d'oiseaux

Le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a assuré jeudi 23 juillet que le consulat de Chine à Houston, quatrième ville des États-Unis, était une "plaque tournante de l'espionnage  et du vol de propriété intellectuelle".  

"Certains employés du consulat des États-Unis à Chengdu se sont livrés à des activités sortant de leurs attributions, ils se sont ingérés dans les affaires intérieures de la Chine et ont mis en danger la sécurité et les intérêts chinois", a accusé de son côté la diplomatie chinoise. 

Ces représailles mutuelles interviennent dans un contexte de dégradation des relations sino-américaines, les pommes de discorde s'étant multipliées ces derniers mois : répression à Hong Kong avec l'entrée en vigueur d'une loi controversée sur la sécurité, pandémie de Covid-19 et tensions en mer de Chine méridionale notamment. 

D'autres dossiers de contentieux ont surgi ces derniers mois, notamment concernant Huawei, "le géant de la téléphonie chinoise contrecarré par l'administration américaine", affirme Cyril Payen. Le journaliste cite aussi "la question des Ouïghours" qui a récemment provoqué des réactions à l'échelle internationale. "Même les Français qui sont assez timides pour dénoncer les violations des droits de l'Homme par Pékin, sont montés au créneau", ajoute Cyril Payen. 

À la veille de sa fermeture, le consulat de Chengdu était dimanche une attraction pour les habitants de la métropole du sud-ouest de la Chine. 

Sous un ciel bleu et une chaleur étouffante, un flot ininterrompu de curieux est venu se faire photographier devant le bâtiment. Certains agitaient un drapeau chinois, ont constaté des journalistes de l'AFP. 

Encore quatre consulats en Chine

Une certaine tension était palpable au sein des forces de sécurité, qui ne toléraient aucun geste provocateur ou signe de joie trop manifeste face au départ des Américains. Un jeune homme qui hurlait "Je suis Chinois ! Allez la Chine !" a ainsi été évacué des lieux par deux policiers. 

Des journalistes de l'AFP ont par ailleurs vu une banderole confisquée par la sécurité. Mais un riverain a toutefois pu déployer sur son balcon un imposant drapeau chinois et crier le nom de son pays. Certains reporters étrangers ont de leur côté essuyé des noms d'oiseaux. 

Outre leur ambassade à Pékin, les États-Unis comptent désormais quatre consulats en Chine continentale (Canton, Shanghai, Shenyang, Wuhan) ainsi qu'un à Hong Kong, territoire autonome secoué l'an dernier par des manifestations monstres contre le pouvoir central. 

Pékin avait alors vu la main de Washington derrière ces troubles. Des nationalistes chinois ont réclamé la semaine dernière la fermeture du consulat des États-Unis à Hong Kong. 

Gisèle Mbuyi/DC/France 24


(GM/Yes)