Patron de plusieurs artistes musiciens de Kinshasa et surnommé même « habilleur de boss » pour ses nombreuses boutiques des vêtements de luxe importés de l’Europe, Ben Nyamabo ne semble plus être aujourd’hui que l’ombre de lui-même. Décédé il y a plus d’un mois, sa dépouille gît toujours à la morgue, faute de moyens pour lui organiser des funérailles dignes. La situation a heurté plusieurs sensibilités dans la capitale congolaise, Kinshasa.

Mais du côté de la Société congolaise des droits d’auteur et des droits voisins (Socoda), l’on affirme s’y mettre pour trouver une solution à ce problème d’enterrement. « La Socoda s’y met pour l’enterrer éventuellement la semaine prochaine », a déclaré, ce jeudi 23 janvier 2020, le musicien Shaka Kongo à DIGITALCONGO.NET. Shaka Kongo qui a arrêté des productions scéniques pour coordonner, depuis plusieurs années, une ASBL dénommée « Artiste en danger », suit de près le dossier de Ben Nyamabo. Du côté de la famille, l’on semble s’en remettre à la Socoda qui tergiverse encore pour organiser les funérailles.

De son vrai nom, Benoit Nyamabo Mutombo « Ben Nyamabo » était au départ un homme d’affaires, tenancier des boutiques des vêtements et des chaussures de luxe, mais subjugué et happé par l’Art d’Orphée. Il va côtoyer des musiciens et les financer, voire les habiller pendant des productions. Propriétaire de la maison d’habillement « Scarpa-Uomo », avec trois boutiques dans la capitale : à Matonge au croisement des avenues Kasa-Vubu et Kanda-Kanda ; à Kasa-Vubu non loin de l’immeuble Vévé Center et à Gombe non loin de l’avenue du Commerce, Ben était quasiment le patron, comme certains l’appeler déjà à l’époque.

Mais le statut d’homme d’affaires ne semblait pas le suffire tellement amoureux de la musique. Il était toujours dans le sillage de l’orchestre Langa Langa Stars de 7 Patrons, crée en 1981, par Evoloko Joker. « Mais il prenait très rarement part aux prestations scéniques et discographiques. Les amis de Langa Langa Stars [ Evoloko Joker, Bozi Boziana, Djuna Djanana,  Espérant Djengaka et Dindo Yogo ainsi que 2 instrumentistes dont le guitariste solo Roxy Tshimpaka et le bassiste Djomali Bolenge] ne croyaient pas à son talent, ils le considéraient toujours dans la peau d’homme d’affaires. », témoigne le journaliste Gel Boumbe. Puis il sera intégrer – bon gré malgré – à l’attaque chant de l’orchestre grâce à son ami, Djuna Djanana. Plus tard, il finira par créer son propre orchestre : « Choc Stars ». Un véritable brassage des meilleurs musiciens de Kinshasa de l’époque.

Il va enrôler des artistes comme Bozi Boziana qui a quitté Langa Langa Stars où Evoloko s’était autoproclamé le seul patron. Il y aura dans les rangs de Ben, des artistes de renom comme Debaba El Shabab, Djuna Djanana, Djo Mali, le général Defao, Roxy Tshimpaka, Bengali petit prince, l’inclassable chanteur Carlyto Lassa et plusieurs autres étoiles de la musique congolaise de l’époque.

L’ « Habilleur de boss » qui a réussi à drainer au tant de monde, gît encore seul à la morgue de l’Hôpital du Cinquantenaire, après avoir été évacué de celle de l’ex-Maman Yemo par Jossart Nyoka Longo. Et jusque-là, ses ex-collaborateurs du Choc Stars dont la plupart sont encore vivants ne se mobilisent pour lui donner des funérailles dignes d’un ancien mécène, si pas d’un ancien patron.

Dido Nsapu


(DNK/Yes)