Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, a lors du lancement le mercredi 11 décembre 2019 à Kinshasa, du 2ème Forum national sur la Décentralisation interpellé  les acteurs politiques au sujet de l’instabilité et le désordre qui prévaut au sein des institutions provinciales.

« Le spectacle auquel nous assistons actuellement dans nos provinces est désolant. Nous ne pouvons pas comprendre surtout dans les provinces où il y a des violences, qu’il y ait des intérêts politiques et mesquins des individus qui tentent de déstabiliser ces institutions provinciales. C’est inadmissible et absolument pas acceptable », a-t-il déploré, rappelant par la même occasion que « La décentralisation est l’expression de la confiance faite au peuple qui doit prendre son destin en main en participant activement à la définition de la mise en œuvre des politiques de développement ».

Félix Tshisekedi a en outre invité les participants à ces assises à évaluer l’effectivité du régionalisme institutionnel, le fonctionnement des institutions politiques provinciales, le rapport entre le pouvoir central et les provinces, entre celles-ci et les entités territoriales décentralisées (ETD), la problématique de la répartition des recettes à caractère national en faveur des provinces et ETD, ainsi que l’opérationnalisation de la Caisse Nationale de Péréquation. Ce sont autant de thématiques qui devront préoccuper les participants durant ces jours de réflexion.

Aussi, a-t-il expliqué, le mécanisme de répartition des 40% des recettes à caractère national, serait inégalitaire et surtout source de déséquilibre si les mesures coercitives prévues par la Constitution ne sont pas appliquées étant entendu que toutes nos provinces n’ont pas les mêmes potentialités.

Et de préciser que la non-tenue des élections urbaines, municipales et locales constitue un frein à la mise en œuvre des politiques publiques au sein des entités de base. Car, a-t-il fait remarquer, les ETD continuent à être dirigées par des autorités nommées.

D’où estime-t-il, il est temps d’y mettre fin pour que les villes, les communes, les secteurs et les chefferies soient gérées par les organes locaux, invitant les participants venus des institutions politiques nationales et provinciales à se remobiliser en vue de donner un souffle nouveau au processus de décentralisation et la rendre plus concrète, plus visible, plus unificatrice et plus significative à la base.

Pour sa part, le Ministre de la Décentralisation et Réformes institutionnelles Azarias Ruberwa a axé son intervention sur les enjeux, les défis, le contexte global de la décentralisation en République Démocratique du Congo.

« Ce forum dédié à l’évaluation de 13 années de mise en œuvre de la décentralisation, cette grande réforme politique et administrative inscrite dans la Constitution, est non seulement indispensable pour mesurer le chemin parcouru, mais aussi et surtout doit constituer une opportunité pour tous les acteurs de la gouvernance globale et locale de se remobiliser, se remotiver afin d’insuffler un souffle nouveau au processus de décentralisation », a-t-il noté.

Evoquant les défis de ce forum, il a cité notamment la faible appropriation du processus de décentralisation, suite au manque de volonté politique à certains niveaux, précisant par  ailleurs qu’il sera question, en outre du transfert de compétences et de ressources qui est encore très partiel, du renforcement des capacités insuffisantes et irréguliers des acteurs impliqués dans le processus de mise en œuvre de la décentralisation, les outils de planification et de gestion élaborée ainsi que la faible harmonisation du processus de décentralisation et de déconcentration dû à l’absence de certains textes de lois et sans oublier la question des élections et l’état des lieux du développement.

Au sujet des enjeux de la décentralisation, il a déploré l’absence de l’appropriation par certains acteurs clés de ce nouveau mode de gestion qui selon lui se traduit par le manque d’information pour certains dirigeants et une bonne partie de la population, la résistance de certains gouvernants de se départir des compétences et attributions reconnues aux provinces et aux entités territoriales décentralisées (ETD).

Indiquant que les panélistes évoqueront bien entendu la rétention des 40% à la source qui n’est toujours pas d’application, tel que prévu dans la Constitution. Cependant, il est capital de réaliser des recettes conséquentes afin que ces 40% ne soient pas insignifiants, a proposé  Me Azarias Ruberwa.

Le Représentant-pays du PNUD M. Dominic Sam a souligné en ce qui le concerne que ce forum devra, en principe, amener les Congolais à faire plus et à faire mieux en termes de développement.

Pour ce fonctionnaire de l’ONU, la réussite de ces assisses doit passer par la formulation d’une vision claire et réaliste des provinces, la nécessité de renforcer les capacités des provinces notamment par l’élargissement des partenariats entre les parties prenantes tel que la Société civile, ainsi que l’amélioration de la gouvernance locale.

Ce forum qui réunit plus de 600 participants et qui se clôture le samedi  14 décembre est placé sous le thème «Evaluation du processus de mise en œuvre de la décentralisation, 13 ans après».

Boni Tsala T.


(BTT/PKF)