La représentante des nations unies en RDC, Leila Zerrougui, a présenté ce lundi 18 mars au Conseil de sécurité, son rapport sur la situation politique et sécuritaire dans le pays. La chef de la MONUSCO s’est dite satisfaite des mesures de décrispation prise par le nouveau chef de l’Etat, un avis partagé par les USA même si le Félix Tshisekedi doit maintenir le cap afin de conforter la transition démocratique et répondre aux défis sécuritaires notamment dans l’Est du pays.

Félix Tshisekedi rassure ! C'est en substance, le sentiment général qui s'est dégagé lundi 18 mars au siège new-yorkais de l'ONU où le Conseil de sécurité examinait le rapport de l'envoyée spéciale du secrétaire générale, Leila Zerrougui, sur la situation en RDC. Dans son rapport, le premier depuis l'élection présidentielle du 30 décembre dernier, la cheffe de de la Mission des nations unies pour la stabilisation dans ce pays (MONUSCO), s'est félicitée de l'investiture du nouveau président élu même si les résultats de la présidentielle ont été contestés par une frange de l'opposition. Pour Leila Zerrougui, malgré la contestation qui se poursuit, « la majorité des congolais a accueilli avec soulagement l'entrée en fonctions du nouveau chef d'État, qui succède à Joseph Kabila ». Surtout, ce sont les premières mesures annoncées ou prises par le nouveau chef d'Etat qui rassurent au niveau de l'ONU.

« Les premières indications données par le Président Tshisekedi concernant ses priorités » ont été suivies de mesures de décrispation, à commencer par la remise en liberté de prisonniers politiques et d'opinion. En outre, les réunions tenues sur l'ensemble du territoire par l'opposant et candidat à la présidentielle, Martin Fayulu, se déroulent sans entraves et des annonces ont été faites en faveur du retour des opposants politiques en exil », a souligné Leila Zerrougui, cheffe de la Monusco, devant le conseil de sécurité.

Selon l'envoyée de l'ONU, l'élection présidentielle et l'installation du nouveau chef de l'Etat a été une « étape décisive » vers le renforcement de la démocratie et de l'Etat de droit en RDC. Toutefois, les réactions de certains partis politiques et de leurs partisans aux résultats des élections sénatoriales de la semaine dernière « révèlent la fragilité » de ce processus qui n'est pas encore terminé, puisque des scrutins avaient été reportés dans quatre circonscriptions en raison de l'insécurité et de l'épidémie d'Ebola.

Maintenir le cap

Pour la représentante de l'ONU, le défi c'est désormais de maintenir la cap afin de répondre « aux immenses attentes du peuple congolais », en préservant des espaces d'expression pour l'opposition, qu'elle a encouragée à travailler étroitement avec l'ensemble des partis politiques, les autorités congolaises et la société civile. « Des discussions pour la formation d'un nouveau gouvernement sont actuellement en cours entre le Front commun pour le Congo, qui a remporté la majorité des sièges législatifs sur le plan national et provincial, et la plateforme Cap pour le changement, qui avait soutenu la candidature du Président Tshisekedi », a indiqué Leila Zerrougui qui a jugé nécessaire de rappeler que « les deux parties se sont entendues la semaine passée sur la prochaine désignation d'un formateur qui sera en fait le futur premier ministre ».

La responsable de la Monusco a profité de l'occasion pour rappeler les défis actuels notamment en matière sécuritaire particulièrement dans l'est du pays où elle a noté « des développements inquiétants ». C'est le cas par exemple dans la région du Nord Kivu, épicentre d'une épidémie d'Ebola, où les Maï-Maï et les Forces démocratiques alliées (ADF) continuent de mener des attaques contre les Forces armées de la RDC (FARDC), les civils et, à plusieurs reprises, contre le personnel humanitaire et celui de la MONUSCO.

L'appréciation des Nations unies sur la situation en RDC a été en grande partie partagée par les USA. Réagissant en marge de la réunion du conseil de sécurité, Jonathan Cohen, l'ambassadeur représentant permanent par intérim de la mission américaine auprès des Nations Unies a souligné que depuis son entrée en fonction, « le président Tshisekedi a réagi à ce moment historique en s'engageant à lutter contre la corruption, à mettre un terme aux violations des droits de l'homme par les forces de sécurité de la RDC, à améliorer la sécurité, à renforcer le climat des investissements de la RDC et à promouvoir le développement ».

« Deux mois à peine après ce transfert historique du pouvoir, le peuple congolais commence déjà à constater des développements positifs. Le mois dernier, le président Tshisekedi a décidé d'arrêter et de poursuivre les policiers accusés d'avoir tiré sur des manifestants pacifiques. Il a libéré des prisonniers d'opinion et s'est engagé à réformer l'Agence nationale du renseignement, une organisation abusive, et à fermer des centres de détention non officiels », a déclaré Jonathan Cohen, ambassadeur des USA à l'ONU.

Le diplomate américain a exhorté le président Tshisekedi, « à respecter les engagements qu'il a pris de mettre pleinement en œuvre cette vision prometteuse pour l'avenir de la RDC », ajoutant attendre « avec impatience la nomination du gouvernement qui l'aidera à bien mener son action ».

La Tribune Afrique/Le Potentiel


(TN/Rei/Yes)