Après la vulgarisation du Protocole de Maputo, qui continue d’ailleurs, il est temps de passer à la mise en œuvre effective du Protocole de Maputo pour arriver à une tendance régressive des avortements clandestins, cause de plusieurs cas de décès et des complications gynécologiques chez la femme en RDC.

Avec l’appui de l’Ong international Ipas, la Coalition des partenaires pour la santé de la reproduction a ouvert ce mercredi 20 février à Kinshasa un atelier de formation des formateurs en soins complets d’avortement centrés sur la femme.

Durant quatre jours, à l’hôtel Selton, vingt et deux participants dont dix-huit médecins, deux infirmières et deux sages femmes, vont être outillés sur la maîtrise des normes de l’OMS en matière de soins complets d’avortement. Le but final est que les femmes accèdent aux soins d’avortement de qualité, donc sécurisés.

Selon l’étude EDS 2013-2014, 10% des grossesses non désirées se terminent par un avortement à risque en RDC, un pays où la mortalité maternelle est estimée à 846 pour 100.000 naissances vivantes. Ce qui constitue un des taux les plus élevés au monde.

La directrice du Programme national de la santé de la reproduction (PNSR), Dr. Lis Lombeya, qui a ouvert cette session de formation, a appelé les participants à être assidus.

« Lorsque nous avons le cadre légal, médical et technique, il faudrait absolument offrir le service. Il ne faudrait pas se voiler la face, c’est un besoin. On offre ces soins de qualité, mais aussi on assure que les femmes ne retombent pas enceinte quand elles ne les désirent pas en leur offrant des méthodes contraceptives pour qu’elles maîtrisent elles-mêmes leur fécondité. C’est l’importance de cette cession de formation », a déclaré à la presse, Dr. Lis Lombeya.

Sauver la vie des femmes et préserver leur fécondité

En RDC, la prévalence contraceptive reste faible. Seulement 8% des femmes utilisent une méthode de contraception moderne et 59% de grossesses sont non désirées, toujours selon l’étude EDS 2013-2014.

« Vouloir ou pas, les interruptions des grossesses se font dans des conditions médiocres. Il faut absolument sauver la vie des femmes et préserver leur fécondité. Le cadre juridique au niveau international n’est pas pour encourager l’avortement, mais pour s’assurer que la personne qui a besoin du soin à l’avortement, puisse le faire dans des conditions optimales. D’ailleurs, dans des pays où ce cadre légal est appliqué, il y a peu des conséquences négatives », a-t-elle renchéri.

Elaboration des normes

Depuis le lancement de la vulgarisation du Protocole de Maputo l’année dernière, Ipas a réuni plusieurs fois les prestataires : magistrats, officiers de police judiciaire et Ordre des médecins. Ces derniers ont été suffisamment informés de l’existence du cadre juridique autorisant la pratique de l’avortement en RDC, selon des cas spécifiques contenus dans l’article 14, alinéa 2, point C du Protocole de Maputo qui dispose : « Toutes les mesures appropriées pour protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus ».

A cette étape de la mise en œuvre du Protocole de Maputo, les formateurs qui sortiront de cet atelier sur les soins complets à l’avortement sur la femme vont d’abord, à leur tour, aller former dans les deux Kivu, dans le Tanganyika et à Kinshasa. Après, arrivera le tour du Haut-Katanga et Lualaba. Des centres de prestation de services d’avortement seront installés dans certains hôpitaux publics. Entretemps, le PNSR est en train d’élaborer les normes directives.

Socrate Nsimba/MMC


(SNK/Yes)