Sur le Boulevard Lumumba au n°9 Masina sans fil, en face de l’entrée quartier 1 à Ndjili, sont exposés, chaque jour, des portraits d’anciens chefs d’Etat et autres grandes personnalités. Ces tableaux peints, entre autres, à l’effigie de M’zee Laurent- Désiré Kabila, Thomas Sankara, Kadhafi, Ibenge et bien d’autres n’arrêtent pas d’attirer la curiosité de plus d’un passant au regard de leur touche particulière. L’auteur de ces œuvres est Claude Bosana, 36 ans révolus. Forum Des As l’a surpris en plein travail.

"Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années", dit un adage. A 36 ans, Claude Bosana est initiateur d’un centre de formation aux arts graphiques et plastiques situé le long du Boulevard Lumumba au quartier sans fil de Masina.

Dès son jeune âge, tout présageait que Claude Bosana avait en lui les atouts d’un dessinateur. "Depuis l’école primaire, j’avais toujours envie de dessiner. A l’époque, je dessinais sur les affiches des ciné-vidéo", révèle cet artiste pétri de talents. C’est après l’école primaire qu’il va se faire dénicher.

"Quand j’ai commencé le cycle d’orientation, mon entourage, à savoir : mes amis, ma famille et surtout mes ainés m’ont conseillé d’aller poursuivre les Humanités à l’Institut des Beaux-arts. Je n’ai pas hésité un seul instant.

Et là, je devins encore plus habile. Toujours dans l’envie de parfaire mon talent, je suis allé faire mes études supérieures à l’Académie des Beaux-arts", raconte Claude Bosana.


Animé du souci de faire mieux et de transmettre son habileté aux autres, après ses études à l’académie des Beaux-arts, il décide de créer un atelier où il travaille avec ses amis dont la plupart ont été formés par lui.

Portrait

La réalisation du portrait se fait sur commande. Pour exécuter ce travail, Claude Bosana a juste besoin d’une photo. "J’ai juste besoin de la photo parce que je ne peux pas garder la personne pendant deux jours en train de la contempler. Je la regarde minutieusement et je la reproduis avec les mêmes traits, mais en y ajoutant une touche artistique".

Cependant, Claude Bosana se plaint du manque de culture et de moyens financiers des Congolais à se faire un portrait. "Les clients se pointent au compte goutte à cause de la crise.

Quelqu’un peut être attiré et avoir envie de son effigie. Mais quand tu lui donne le prix, il le compare au prix d’un sac de riz ou d’un sac de farine de maïs, et finalement, il se décourage et se dit que ce montant peut couvrir le besoin de toute la famille.

Cela est dû aussi au manque de culture des Congolais qui ne savent pas l’importance des portraits. Ceux qui passent la commande se recrutent dans la catégorie des nantis", déclare ce jeune talent.


Qu’à cela ne tienne, ce sérigraphe souligne qu’à travers ce métier, il parvient à subvenir à ses besoins et payer les frais de scolarité de ses frères et sœurs.


Il déplore cependant, l’absence d’un endroit approprié à Kinshasa pour l’approvisionnement en matériels de travail. "La plupart de temps, nous recourrons aux gens qui apportent la marchandise de l’étranger. En plus de cela, il y a beaucoup de taxes qui nous sont imposées".

Message


Claude Bosana se dit fier d’avoir formé plus de trente jeunes dans son Centre. A ceux qui s’adonnent au vol et aux actes de vandalisme, il leur demande de venir suivre une formation qui les rendra utiles dans la société. Il se souvient encore des propos que l’un de ses professeurs leur tenait : "L’école, c’est la clef de la vie". Aujourd’hui, je réalisé que cela est vrai.

Retombées 


La touche particulière de cet artiste jeune lui a valu déjà plusieurs récompenses. En 2014, il a été primé meilleur artiste de la Tshangu. En 2016, il a reçu un diplôme de mérite et en 2017, il a eu le trophée d’excellence et de meilleur des arts graphiques.

Dina Buhake/Forum des As 


(BT/Yes)