L’épidémie d'Ebola qui sévit en République démocratique du Congo ne cesse de faire des victimes. Vendredi, elle a dépassé la barre des 500 décès, six mois après son déclenchement. Trois nouveaux décès de cas confirmés et sept autres repérés et « validés » parmi des cas probables ont porté à 502 le nombre de personnes qui ont trouvé la mort des suites de cette pathologie.

En dépit de cette augmentation du nombre de morts, les autorités congolaises pensent que le pire a été évité. La situation aurait beaucoup plus alarmante, soulignent-elles, si l’épidémie avait gagné les grandes villes. « Je crois que l’on a bien contrôlé l’épidémie dans tous les hotspots de départ, l’épicentre à Mangina, à Beni.

« Je crois qu'on a évité la propagation de l’épidémie dans les grandes villes. L’épidémie n'a pas atteint les grandes villes comme Bunia, Kisangani, comme Goma. Je crois qu'ils sont également parvenus à contenir la progression de l’épidémie qui n’a atteint aucun des pays voisins », a déclaré Oly Ilunga Kalenga, ministre congolais de la Sante.

La campagne de vaccination initiée lancée le 8 aout à contribue à freiner les ravages de la fièvre hémorragique. Mais des poches de résistance existent encore dans le pays. « On reste avec un épicentre, un hotspot, plutôt autour de Katwa, qui est une zone de sante juste à côté de Butembo. Là il y a une spécificité, c’est que c’est la zone dans laquelle on a eu le plus d’hostilités, de réticences, le plus de délinquance urbaine qui ont un impact négatif sur le déroulement des activités,» reconnait le ministre congolais.

Les prémisses de la fin de l’épidémie actuelle en RDC passe donc par l'extinction du foyer de Katwa. C’est la deuxième épidémie d'Ebola la plus virulente de l'histoire après celle qui a tué plus de 11.000 personnes en Afrique de l’Ouest en 2014.

L’OMS était pourtant assez « optimiste » sur le contrôle d'Ebola Six mois après le début de l'épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo, les efforts pour enrayer la propagation du virus sont « encourageants », a déclaré le 1er février dernier à Genève, un haut responsable de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Ce qui a bien fonctionne, ce sont les mesures de sante publique telles que la formation des agents à la prévention et au contrôle des infections dans les centres de santé », a dit à la presse, la Directrice du Bureau régional de l’Afrique pour l’Organisation mondiale de la santé(OMS).

Dr. Matshidiso Moeti a également mis en avant un engagement plus étroit avec les communautés, en particulier les femmes et les groupes religieux, sans oublier d’autres mesures sanitaires telles que la recherche des contacts parallèlement à l'utilisation d’outils plus récents dans la lutte contre Ebola. Face à la presse, Dr. Moeti a affiché son optimisme.

Ce qu’elle considère comme une « stratégie du succès » a permis d’arriver à une situation « quasiment sous contrôle à Beni et Mangina, Komanda et Oicha » six mois après le début de l'épidémie. Dans ces deux premiers épicentres de la crise sanitaire, la combinaison de différentes actions à contribue à aboutir à une situation. « Nous avons appris des leçons de l'épidémie en Afrique de l’Ouest, notamment sur l‘importance de s'engager avec les communautés locales pour éviter la méfiance et la suspicion », a-t-elle ajoute.

L’importance du « parapluie sécuritaire » de la MONUSCO 

D’autant que la mise en place d’une riposte efficace se heurte parfois à de nombreuses difficultés, dont le contexte sécuritaire très instable ou certaines réticences de la population, auxquelles les équipes, de l’OMS doivent s’adapter. Pour l’OMS, il s'agit donc de poursuivre leurs efforts auprès des communautés pour tenter de réduire les craintes face aux soins apportés par le personnel de santé.

« En dépit des difficultés persistantes liées à la sécurité et à la méfiance des communautés locales qui ont des répercussions sur mesures d’intervention, nos équipes continuent le combat ». A cet égard. Mme Moeti mentionne une progressive amélioration face à ces résistances. Une façon pour l’Agence sanitaire onusienne de rappeler que « l’insécurité continue de constituer un facteur » qui affecte le dispositif mis en place par l’OMS et ses partenaires.

Pour autant la situation est « relativement calme par rapport à la période préélectorale » qui avait abouti au report de la présidentielle à Beni, a affirmé de son côté Dr Mike Ryan, Assistant Directeur-General pour les urgences de retour de la zone. De nombreux groupes armés avaient mené des attaques. Selon Dr Ryan, les équipes sont opérationnelles dans toutes les zones même si dans certaines localités, elles ont besoin « de mesures sécuritaires spéciales » pour travailler.

« C'est le cas à Biena, Kalunguta, Kayina. Kyondo, Mangurujipa ou Komanda, des localités ou l'OMS et ses partenaires ont besoin d’escorte, ou d’une protection spéciale », a précisé Dr. Ryan, tout en rappelant que les équipes sont dans toutes « les zones de transmission active du virus ». « Mais nous remercions les forces de la Monusco qui nous permettent, avec ses escortes, de continuer à travailler dans cet environnement », fait-il valoir tout en insistant sur le caractère indispensable de « ce parapluie sécuritaire » des casques bleus onusiens.

JMNK/L’Avenir 


(ROL/Rei/Yes)