Depuis fin décembre 2018, Médecins Sans Frontières (MSF) a mis en place une réponse médicale d’urgence pour assurer des soins de santé primaires et appuyer les soins de santé secondaires en faveur des populations touchées par les violences dans la province de Maï-Ndombe. Les conditions de vie précaires dans lesquelles se trouvent actuellement les personnes déplacées les rendent particulièrement vulnérables aux intempéries et à la maladie. Afin d’éviter une détérioration de la situation sanitaire, MSF appelle les autres acteurs à accélérer le déploiement de leur réponse humanitaire.

« En cette période, le niveau élevé de l’eau submerge les îlots. Les gens s’abritent dans des cabanes partiellement construites, mais cela ne suffit pas à les protéger de la pluie, de la fraicheur de la nuit et du vent, sans compter la saison particulièrement propice à la transmission du paludisme. Nous constatons l’impact de ces conditions de vie sur la santé au quotidien. La semaine dernière, nous avons réalisé près de 200 consultations par jour, dont plus de 20% auprès d’enfants de moins de cinq ans », explique une infirmière travaillant au sein d’une des cliniques mobiles MSF. Sur 1175 consultations réalisées à travers les cliniques mobiles entre le 4 et le 10 janvier 2019, plus d'un tiers des patients a été diagnostiqué avec le paludisme ou une infection respiratoire.

Sur les ilots, comme à l’intérieur des terres, le besoin en abris, notamment bâches et moustiquaires, est criant, mais la situation nutritionnelle est également préoccupante. L’accès restreint à la pêche ou aux champs ainsi qu’au marché de la ville de Yumbi, en fonction du lieu de refuge des personnes déplacées, limite les moyens de subsistance disponibles.

« En nuit jours, nos équipes ont identifié 20 cas de malnutrition, dont 9 sévères, mais nous craignons que cette situation s’aggrave si des distributions alimentaires, entre autres, ne sont pas mises en place prochainement », s’inquiète Sophie Sabatier, Coordinatrice du Pool d’Urgence de MSF au Congo de retour de Yumbi, qui appelle dès lors tous les acteurs humanitaires à se mobiliser le plus rapidement possible pour fournir aux populations déplacées l’assistance dont elles ont besoin.

Les violences qui ont eu lieu à la mi-décembre dans le territoire de Yumbi auraient poussé entre 20.000 et 30.000 personnes à fuir leur domicile. Malgré le retour au calme, une forte tension est encore palpable à Yumbi et dans ses environs, ne permettant pas d’envisager un retour à court terme des populations déplacées. « A notre arrivée, nous avons vu des quartiers entiers brûlés et complètement vidés de leurs habitants. Des chiffres évoquant plusieurs centaines de morts en seulement quelques jours circulent également », rapporte Sophie Sabatier. « Une normalisation de la situation est difficilement imaginable à l’heure actuelle et de ce fait, les besoins humanitaires et sanitaires ne sont pas prêts non plus de diminuer », insiste-elle.

MSF appuie également la prise en charge des blessés liés aux violences dans les Hôpitaux Généraux de Reference de Yumbi et Bolobo, ainsi qu’au Centre de Santé de Référence de Mansele, à travers des donations en médicaments et matériel médical. Sur les 60 blessés vus par l’organisation à son arrivée sur place le 22 décembre 2018, dix blessés graves, dont trois enfants et quatre femmes, ont dû être référés vers des structures hospitalières spécialisées afin de leur permettre de bénéficier de soins chirurgicaux urgents.

« La majorité des blessures résulte de violences par armes blanches, mais nous avons aussi constaté plusieurs cas de lésions par balles, de même qu'un certain nombre de blessés graves », témoigne Sophie Sabatier. « Outre les blessures physiques, nous sommes aussi préoccupés par les répercussions psychologiques de ces violences. Nos équipes ont déjà identifié de nombreux signes de traumatisme chez les patients », souligne-t-elle. Un psychologue de MSF vient d’arriver sur place pour évaluer les besoins en santé mentale et déterminer la meilleure approche pour apporter un support psychologique aux personnes qui le nécessitent.

Les équipes de réponse aux urgences de MSF assurent une veille et détection précoce des alertes sanitaires et humanitaires, et se tiennent prêtes à répondre rapidement sur l'ensemble du territoire congolais.

L’organisation médicale intervient en appui au Ministère de la Santé en offrant des soins médicaux aux victimes de conflits et de violences, aux personnes déplacées ou encore à celles souffrant d’épidémies comme le choléra et la rougeole. MSF a aussi été en première ligne dans la riposte aux épidémies d'Ebola qui ont touché le pays au cours de ces dernières décennies.

Le Pool d’Urgence de MSF est déjà intervenu dans la Zone de Santé de Yumbi durant les mois d'avril et de mai derniers dans le cadre de la réponse à une épidémie de choléra à travers des activités de vaccination et de prise en charge.

JMNK/L’Avenir 


(TN/Rei/GW/Yes)