Isidore Ndaywel a attiré l’attention des Congolais qui risquent d’accueillir, cette fois-là, les Tutsis du Rwanda « chassés » par les Hutus. « Tout en me félicitant du développement au Rwanda, je trouve que c’est artificiel tant qu’on n’intègre pas la composante Hutu. Et les Hutus ne se limitent pas aux FDLR [Forces démocratiques pour la libération du Rwanda jugées génocidaires, Ndlr]. Les Hutus c’est toute une communauté et il y a énormément des réfugiés, une longue diaspora, une opposition très forte à l’étranger et qui peut même faire craindre – je veux bien que les Congolais y pensent déjà – si nous n’allons pas vivre dans les années qui viennent l’opportunité malheureuse d’accueillir maintenant des réfugiés tutsis chassés du Rwanda par les Hutus. Donc il faut craindre ce retour de la manivelle qui est une chose possible. », a déclaré Isidore Ndaywel.   

 Pour lui, la communauté internationale « ne rend pas service » à la région [des Grands lacs]. « Si la communauté internationale rendait service à la région, elle pourrait d’abord et avant tout aider le Rwanda à se réconcilier avec lui-même. C’est-à-dire, faire en sorte que les différentes communautés qui vivent au Rwanda puissent se trouver ensemble et trouver un modus vivendi qui correspond à leur situation », a-t-il suggéré, reconnaissant toutefois la complexité de la démarche.  

 « Quand pour le moment, on prend fait et cause pour les uns…, cette situation divise même le monde entier. Maintenant, il y a ceux qui sont pour les Tutsis et ceux qui sont contre. Même sur le plan scientifique, il y a ceux qui sont pour la cause des Tutsis et ceux qui sont pour la cause des Hutus. C’est une situation dangereuse », a-t-il averti. Isidore Ndaywel pense que s’il y avait une cohabitation « réelle » entre Tutsis et Hutus au Rwanda, cela réglerait beaucoup de questions au niveau de la région des Grands lacs.                      

Le Rwanda a commémoré le 7 avril 2024 les 30 ans de génocide rwandais, perpétré contre en majorité des Tutsis mais aussi des Hutus modérés.  Dans son discours, le président rwandais Paul Kagame a remercié la République démocratique du Congo, le Kenya et le Burundi pour l’accueil des nombreux réfugiés rwandais qui ont fui ces événements malheureux. Ce génocide de 1994 a entrainé l’instabilité de la partie Est de la République démocratique du Congo. Certains analystes tutsis estiment toujours que le génocide a commencé dès la première république Hutu, à partir de l'exil de nombre d'entre eux dans les pays voisins puis des nombreux massacres des Tutsis de l'intérieur entre 1959 et le 6 avril 1994. Depuis la prise du pouvoir par les hommes de Paul Kagame, c’est le tour de plusieurs Hutus de s’exiler. Ce qui risque de former un cycle. Ce que redoute d’ailleurs l’historien congolais.     

Dido Nsapu