Entre une neuvième vague de Covid-19 qui monte inexorablement, le retour de la grippe et des niveaux record de bronchiolite chez les nourrissons, les signaux d'alerte s'affolent dans des hôpitaux français, confrontés à un manque flagrant de personnel.


La grippe frappe la métropole précocement, s'ajoutant à un Covid-19 en pleine remontée. Alors que l'hiver s'installe, près de 50 000 cas de coronavirus ont été enregistrés ces derniers jours, deux fois plus que début novembre. Cette situation est « inquiétante » parce que l'addition de ces pathologies peut entraîner « un impact clinique assez fort, notamment sur les hôpitaux », a expliqué à l'AFP l'épidémiologiste Sophie Vaux.


La pression monte ainsi sur les soignants avec 19 061 patients hospitalisés le 29 novembre, 279 de plus que la veille. Parmi elles, plus d'un millier se trouvent actuellement dans des services de soins critiques.


Dans ce contexte, le gouvernement appelle les plus fragiles et les personnes âgées à se faire vacciner contre la grippe et le Covid-19 avant les fêtes de fin d'année ainsi qu'au retour des gestes barrières, en particulier le port du masque dans les transports en commun.


À ce tableau déjà peu réjouissant s'ajoute un autre problème qui frappe cette fois les très jeunes enfants : la bronchiolite. Présente tous les hivers, elle semble cette année plus précoce et plus virulente que d’habitude, envoyant aux urgences un nombre croissant de nourrissons.


« La bronchiolite est particulière cette année car elle arrive à la suite d'une période de grande accalmie infectieuse durant la période Covid-19 où nous avons été confinés et avons bien respectés les consignes de lavage des mains et de port du masque. Par conséquence le taux global d'anticorps a baissé au sein de la population et on paye aujourd'hui ce que l'on appelle la dette immunitaire », détaille Andreas Werner, président de l'Association française de pédiatrie ambulatoire.


Selon les données de Santé publique France, 3 007 enfants de moins de deux ans ont été hospitalisés après un passage aux urgences dans la semaine du 21 novembre, soit une augmentation de 16 %, par rapport à la semaine précédente.


À bout de forces, les professionnels de santé, déjà durement éprouvés par les précédentes vagues de Covid-19, le manque de moyens et un sous-effectif chronique, craignent de ne pas pouvoir finir l'année.


À l'hôpital, les signaux d'alerte se multiplient. Comme le rapporte le journal le Parisien, huit infirmiers sur neuf et sept aides-soignantes sur huit ne se sont pas présentés à la relève du matin le 28 novembre aux urgences du centre hospitalier du Kremlin-Bicêtre, dans le Val-de-Marne.


« On est au paroxysme de l’inquiétude, confirme le docteur Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France auprès de Libération. "Si les épidémies se conjuguent, on ne pourra pas faire face, sauf à déprogrammer les patients pour faire de la place ».


« C'est un contexte de crise sans précédent qui se joue à l'hôpital mais aussi en ville », souligne Andreas Werner alors que les médecins généralistes ont achevé vendredi une grève historique pour réclamer une revalorisation du prix des consultations.


Comment cette « triple épidémie » qui fragilise un système de santé français au bord de la crise de nerfs va-t-elle évoluer dans les prochaines semaines ? Il est « difficile de prédire la survenue des pics » des trois épidémies, a expliqué Sophie Vaux lors du point presse de Santé publique France, notamment le scénario noir d'un pic simultané de Covid et de grippe, voire de bronchiolite, à Noël.


L'une des grandes inconnues est une éventuelle compétition entre les virus de la grippe et du Covid-19 qui pourrait rendre leur coexistence difficile et ainsi limiter le risque de pics simultanés.


Avec AFP