La nomination le 20 mai dernier, de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, au poste de Premier ministre n'a pas tout résolu. Ce n'est pas demain, la veille de la formation du nouveau Gouvernement. Selon certaines indiscrétions qui fuitent dans les milieux des négociateurs, les discussions autour du partage des responsabilités entre CACH de Félix Tshisekedi et le FCC de Joseph Kabila, achopperaient sur le contrôle de certains ministères dits de souveraineté. Tels que l'Intérieur, la Défense, les Affaires étrangères, la Justice, les Finances. En fait les piliers de l'Etat.

Selon les mêmes sources, certaines personnes dans l'entourage du chef de l'Etat, Félix Tshisekedi, lui disent que les ministères régaliens lui reviennent de droit. Elles font valoir qu'en son temps, le président Joseph Kabila avait toujours disposé de ces portefeuilles de souveraineté. Aussi, la famille politique de FATSHI tiendrait-elle à avoir le contrôle desdits ministères. Ce qui, logiquement, ne contente pas le partenaire FCC.

Logique de coalition

Pour nombre d'observateurs, il y a un bémol à mettre à cette manière de voir les choses. Notamment, le contexte qui est celui de la RDC présentement. Si on devait appliquer les textes à la lettre, on serait dans une situation de cohabitation. Et dans ce dernier cas, c'est le Premier ministre, qui est d'un autre bord politique que le Président de la république, qui nomme ses hommes, y compris dans les postes clés. Le chef du Gouvernement présente sa liste au chef de l'Etat qui signe. C'est l'exemple de la France, avec laquelle la Constitution congolaise a de fortes similitudes. Durant les trois gouvernements de cohabitation, les Premiers ministres ont appliqué la politique de la majorité parlementaire.

Mais ce n'est pas le cas en RDC où, du fait de l'Accord FCC-CACH, le Président Félix Tshisekedi et le chef de file du FCC, Joseph Kabila, se sont entendus pour une coalition. Ici, c'est moins le rapport des forces que le compromis.

Des analystes font observer qu'à l'Assemblée nationale, si on devait prendre en considération le rapport des forces, l'UDPS n'aurait pas eu le poste de Premier vice-président du Bureau de la chambre basse. Jean-Marc Kabund A Kabund est le fruit de cette coalition. C'est donc la logique du deal. Question. En vertu de quoi l'autre prendrait tout ? Donner au Président de la République tous les postes régaliens casserait cette logique du deal. Surtout quand on sait que le Gouvernement est l'émanation du Parlement.

S'agissant des ministères de souveraineté, le bon sens commande que les coalitions s'entendent sur qui prend quoi ? Dans l'autre sens, le FCC de Joseph Kabila ne peut prétendre revendiquer tous les postes régaliens. Les deux alliés doivent se faire à l'idée qu'ils sont en coalition. Autrement, le FCC, fort de son écrasante majorité dans les deux chambres du Parlement, présenterait seul sa liste au Président qui n'aurait qu'à apposer sa signature.

Les premières indiscrétions, auprès des délégués aux discussions dans le Kongo central, faisaient état de la revendication, par le FCC, de 80% des postes dans le futur gouvernement central contre 20% pour le président de la République et ses alliés de CACH. Aux dernières nouvelles, la proportion de 80 contre 20 ayant servi de base de discussions entre les deux plates-formes alliées, les délégués à ces pourparlers seraient parvenus à redéfinir cette grille de répartition.

Didier Kebongo/Forum des As


(ROL/TH/GW/Yes)