Une séance émouvante a eu lieu dans l’après-midi de mercredi après la messe géante organisée devant environ un million de fidèles à l’aéroport de Ndolo. A la Nonciature où le souverain pontife a reçu une délégation des victimes des guerres à répétition venues de l’Est de la RD Congo. Le pape a entendu les "souffrances atroces" de quatre victimes dans des témoignages émouvants décrivant mutilations, viols et massacres.

"J'ai vu la sauvagerie: des gens découpés comme on découpe la viande à la boucherie, des femmes éventrées, des hommes décapités", a écrit Désiré Dhetsina, dans un témoignage préparé en février 2022 et rapporté par un proche qui affirme que l’auteur du récit est aujourd'hui porté disparu.

Emelda M'karhungulu, de son côté, a raconté les "maltraitances" qu'elle a subies pendant trois mois comme "esclave sexuelle". "Des fois, ils mélangeaient les têtes des gens dans la viande des animaux. C'était notre nourriture quotidienne.", a-t-elle expliqué via celle qui lisait en sa présence son récit traduit de swahili en français.

Une autre victime, faite « esclave sexuelle », est sortie de cet enfer avec des jumeaux dont elle ne connaitra pas « le père ». A la fin de ces témoignages, les victimes ont déposé des objets servant aux conflits comme des manchettes ou des gourdins en signe de paix qu’elles recherchent tant.

De son côté, le pape François a lancé un appel aux tireurs des ficelles de ces pillages qui s’accompagnent des atrocités à écouter les cris du sang des victimes. "J'adresse un vibrant appel à toutes les personnes, à toutes les entités internes et externes qui tirent les ficelles de la guerre en RDC, en la pillant, en la flagellant et en la déstabilisant", a déclaré l’évêque de Rome. Et d’ajouter : "Vous vous enrichissez par l’exploitation illégale des biens de ce pays et le sacrifice cruel de victimes innocentes. Entendez le cri de leur sang".

Le pape s'est dit "indigné" devant « l'exploitation, sanglante et illégale, de la richesse de ce pays ainsi que les tentatives de partition dans le but de pouvoir le gérer ». "Vos larmes sont mes larmes, votre souffrance est ma souffrance", a-t-il dit aux victimes, tout en demandant "pardon pour la violence de l’homme sur l'homme". Le souverain pontife reste certain que cette guerre est "déchaînée par une insatiable avidité de matières premières et d'argent, qui alimente une économie armée laquelle exige instabilité et corruption".

"Quel scandale et quelle hypocrisie : les personnes sont violées et tuées alors que les affaires qui provoquent violences et morts continuent à prospérer!", s’est étonné le pape.

Dido Nsapu

(DNK/Yes)