Kigali est très remontée par l’approche de l’administration Biden sur la crise du M23 et l’affaire Paul Rusesabagina, cet opposant amèricano-rwandais jeté en prison après un procès qui avait tout l’air d’un réglement de compte que d’une justice équitable. Paul Rusesabagina, qui a inspiré à Hollywood l’un de ses flims les plus angoissants, Hôtel Rwanda, a été condamné à 25 ans de prison pour terrorisme et cette peine sera confirmée au mois d’avril dernier.

Avant même qu’Antony Blinken n’arrive à Kigali, la presse rwandaise acquise aux idéaux du pouvoir avait entrepris une campagne médiatique dénonçant l’approche américaine sur ces dossiers délicats. Le secrétaire d’Etat américain avait déjà averti avant d’entamer sa tournée qu’« œuvrer au retour des Américains et des résidents américains détenus de façon injuste partout dans le monde est une priorité », pour les Etats-Unis. Le cas de Paul Rusesabagina, titulaire de la Green Card, la carte de séjour permanent aux États-Unis, ne peut pas, ne pas préoccuper Washington.

Déjà en 2021, le département d'État américain avait jugé « inéquitable » le procès qui avait abouti à sa condamnation à 25 ans de prison pour « terrorisme ». Il n’y a pas deux mois, une résolution bipartisane du Congrès a appelé l'administration Biden à demander aux autorités de Kigali la libération de l'opposant rwandais pour raison « humanitaire », étant donné ses ennuis de santé.

Paul Rusesabagina est bien connu pour avoir dirigé l'hôtel des Mille collines. C’est dans cette infrastructure hôtelière qu’il avait recueilli un millier de réfugiés pendant le génocide. Ayant toujours clamé son innocence des faits de « terrorisme » au Rwanda, il reconnaîtra cependant que sa plateforme politique, le Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), s'était dotée d'une branche armée, le FLN, qui a revendiqué des attaques sur le sol rwandais en 2018 et 2019. Les victimes de ces attaques ont demandé à rencontrer Antony Blinken.

Théodore Ngangu