Depuis que la quête d'un premier vaccin anti-Covid a dopé une nouvelle génération de sérums, quantité de travaux ont cherché à mettre au point une immunité pan-coronavirus, avec des niveaux d'ambition variables.

Drew Weissman, de l'université de Pennsylvanie, un des pionniers dans la technologie de l'ARN messager utilisée par le vaccin de Pfizer, mène l'un de ces projets.

A ses yeux, l'adaptation des vaccins existants à toutes les souches existantes - Pfizer a annoncé un plan en ce sens il y a quelques semaines à une limite majeure: "de nouveaux variants vont apparaître tous les trois ou six mois".

Or, après plus de deux ans passés à tenter d'infecter toujours plus d'humains, le virus commence à muter spécifiquement pour contourner l'immunité acquise grâce aux vaccins de la même manière que les constantes mutations de la grippe, qui nécessitent un sérum modifié chaque année, explique-t-il.

"Cela complique un peu les choses, parce que maintenant on se bat frontalement avec le virus", résume Drew Weissman à l'AFP.

Son équipe travaille donc sur un vaccin universel anti-coronavirus. Elle essaye de trouver "des séquences d'épitope (déterminant antigénique) très bien préservées" des fragments entiers de virus qui ne peuvent pas muter aisément car le virus mourrait sans eux.

Mais ce ne sera pas facile. "Nous pourrions avoir un vaccin universel dans deux ou trois ans, mais nous allons continuer à travailler là dessus et à adapter pour garder une longueur d'avance sur le virus", décrit Drew Weissman.

Le Covid-19 n'est pas le premier coronavirus à passer des animaux aux humains dans ce siècle: son plus vieux parent, le SARS, a tué près de 800 personnes en 2002-2004, et le MERS-CoV (Coronavirus du Syndrome Respiratoire du Moyen-Orient) a suivi en 2012.

Si l'on imaginait chaque antigène de leur vaccin comme une couleur primaire, ces chercheurs espéraient que leur vaccin apporterait des anticorps non seulement pour ces couleurs mais aussi pour "les différentes nuances d'orange, de vert et de violet trouvées entre ces couleurs", décrit Francisco Diaz-Mitoma, médecin chef de VBI.

"En d'autres termes, nous essayons d'apprendre au système immunitaire à s'étendre sur les variations du virus qu'il est capable de voir depuis le début", précise-t-il à l'AFP.

Les tests du vaccin de VBI sont jusqu'alors prometteurs y compris sur des chauves-souris et des pangolins, et la biotech espère le démarrage d'études cliniques dans les prochains mois pour des résultats début 2023.

Un autre projet, utilisant des nanoparticules de ferritine, piloté par Barton Haynes, directeur de l'Institut des vaccins humains de l'université de Duke aux Etats-Unis, a reçu des financements de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses.

Ce vaccin, qui cible les virus type SARS mais pas une palette plus large de coronavirus type MERS, s'est révélé efficace contre Omicron, selon Barton Haynes.

Pour Pamela Bjorkman, de l'institut de technologie de Californie, un véritable vaccin universel contre le coronavirus n'est probablement pas réaliste vu la multiplicité des souches parmi lesquelles celles de simples rhumes.

Son projet utilise une stratégie de nanoparticules en mosaïque pour cibler la lignée B des bétacoronavirus, qui comprend le SARS-CoV original et le SARS-CoV-2, à l'origine du Covid-19.

Même cette "quête" de lignée spécifique est comparable aux "nombreuses années d'efforts pour fabriquer un vaccin antigrippal universel", souligne-t-elle à l'AFP.

Comme Barton Haynes, elle estime que la rapidité du démarrage des essais cliniques sur l'homme est cruciale pour avoir un vaccin largement disponible.

Même si aucun des projets de vaccins pan-coronavirus actuels ne devrait être déployé l'an prochain, leur arrivée pourrait changer l'approche mondiale du Covid.

"Si un vaccin pan-coronavirus réussit à donner une immunité plus large contre les coronavirus, cela nous permettrait, globalement, de passer d'un pas en arrière à un pas en avant sur la pandémie", selon Francisco Diaz-Mitoma.

Et, en élargissant l'horizon de la recherche sur les vaccins, le Covid pourrait avoir poussé le monde à mieux se préparer à la menace de prochaines pandémies, peut-être encore pires.

Gisèle Mbuyi MMC Avec AFP

(GM/DNK/Yes)