Comment êtes-vous tombé dans la marmite de la rumba congolaise ?

Je l’écoutais dans la rue, sur le chemin de l’école, à Kinshasa, où l’administration coloniale belge avait installé des porte-voix radiophoniques à tous les grands carrefours. Le matin, on avait droit au journal parlé, à la variété européenne, sud-américaine et au jazz américain. La rumba et la musique africaine locale étaient diffusées à 17 heures, quand je rentrais chez moi. C’étaient les débuts du groupe African Jazz, de Kabasele, je me couchais avec ses mélodies dans la tête.

Votre « conscience panafricaine » est-elle apparue à la même époque ?

Mes grands-parents, angolais, ont fui leur pays natal pour éviter à mon père les travaux forcés dans les plantations des colons blancs. Au Congo, mon père a rejoint un réseau de commerçants qui finançait la lutte pour l’indépendance en Angola sous le couvert d’activités culturelles. À la maison, j’entendais parler de Nasser, Bourguiba, Nkrumah, Sékou Touré… Envoyé à l’école des missionnaires protestants, j’ai été élevé dans l’idée que j’occuperais un jour un haut poste dans un Angola indépendant : mon père m’imaginait plus ingénieur agronome que chanteur, mais il a forgé ma conscience panafricaine…

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(TN/PKF)