La quarantaine révolue, Manaka Mvuedi Hoctavie exerce depuis 2011 le métier de chauffeur dans un domaine dominé par ses paires de la gente masculine à la société de Transport du Congo. Elle a tenu à l’espérer depuis son jeune enfance. Sa conscience maintien sa stature de femme en exemple. Elle exerce son métier comme un homme. Fait étonnant. Surtout, de la part de ceux qui la voient d’emblée au volant du gros bus.

Sur la ligne commerciale de la route Nationale numéro 1, où bouchons, embouteillages et rackets se succèdent par endroit, elle arpente aisément l’énorme saut-de-mouton de la place Pascal à Masina, avant de s’engager sur la chaussée de l’aéroport international de N’Djili. La conductrice s’est montrée être sans complexe. Elle a eu des conseils à prodiguer à d'autres femmes.

Pour Manaka Mvuedi Hoctavie, sa principale activité est la conduite automobile. C’est une grâce qu’elle ait été engagée à Tranco. "C’est une activité que j’ai convoitée depuis mon jeune âge. J’admirais voir les femmes au volant de leurs véhicules. Ce métier m’a, depuis lors, inspiré. J’ai commencé chez les particuliers en 2011. Je me suis essayée dans la conduite des remorques, puis à J.Clas situé sur l’avenue des Poids-Lourds à Limete avant mon entrée, la même année, à la société de Transports du Congo, Transco".

La dame a déjà recueilli les faveurs de ses clients à bord sur le trajet compris entre le Quartier I à N’Djili et le terminus de Kinkole. Elle a indubitablement attiré beaucoup de regards sur sa prestation. Elle a fait augmenter la valeur du métier qui, du reste, est censée réservée aux hommes. Elle a produit les étincelles, le dimanche 23 mai 2021, en roulant sur l’axe reliant le quartier 1 au terminus de Kinkole.

Elle qui a donné de sa personne à embarquer dans le bus Marcopolo de marque Volvo, avec tous les passagers qu’elle a ramassés au niveau de chaque arrêt, s’est engagée pendant près de deux heures qui lui ont été nécessaires pour atteindre le terminus de Kinkole. Son métier qui a mis en lumière le rôle vital que toute femme peut remplir, a été pris pour un message fort adressé à la gente féminine.

Des passagers à bord dont la plupart ont présenté une apparence médusée mais également brouillant, la jeune femme a osé se construire une réputation intrinsèquement liée au respect de ses pairs conducteurs. Elle a fait preuve de la maîtrise de son engin roulant. Ils l’ont jaugée et jugée sur toute la ligne. Un défi lancé ?, à qui ?, que nenni ! La conductrice n’a fait que réaliser son rêve d’enfance. Si par ailleurs, les passagers ont poussé leur admiration jusqu’à l’extravagance, c’est surtout du fait que le défi relevé n’a pas été privilégié à la compétence technique de celle qui s’est engagée sur la chaussée depuis 2011.

Elle a confié à DigitalCongo.net que c’était d'autant plus extraordinaire lorsque nous considérons les énormes sacrifices et les exigences personnelles que la modicité du pouvoir d’achat impose à la femme en RDC.

"Lorsque je suis au volant, je m’assume avec aisance et fierté en tant que conductrice. La raison qui fonde mon engagement à cette voie a été motivée par le fait de me détourner de la mauvaise voie de dévergondages, des balades dans la rue.

Lorsque le public, voire, les passagers me voient à l’œuvre, mon constat est qu’ils s’émerveillent au plus haut point. Cela me pousse davantage à améliorer mes prestations et mettre les clients de Transco à l’aise sur le parcours compris entre le point d’embarquement et l’arrêt de destination".

"A Transco, j’ai fait engager ma fille à qui j’ai préalablement initiée au métier de la conduite automobile. J’ai commencé en 2010. J’ai suivi ma formation dans un centre d’apprentissage automobile (auto-école) à Kinshasa. C’est en 2021 que j’ai saisi l’opportunité d’une campagne de coloration politique pour parachever ma formation à Kikwit. Je me suis retournée à Kinshasa après ma collation en 2011 pour faire des coups des mains auprès des particuliers. J’emmenais souvent les enfants de mon patron à l’école puis les retournais à la maison".

"Au début, je suis allée déposer mon dossier à la Fikin, avant d’aller à l’ISP/Gombe pour revenir passer un test sur piste à Transco. Ma réussite m’a value de continuer, aujourd’hui, à conduire le bus. Je suis dans ma huitième année", a confessé Manaka Hoctavie.

Outre la conduite automobile, elle ne voit pas encore d’autre métier. C’est un métier qu’elle aime avec passionnément. Elle assure la formation en conduite automobile à ses enfants et ses proches.

"J’encourage aussi les autres conductrices qui m’ont rejoint au service à aimer ce métier. Je trouve que ce métier est un métier d’honneur dans la mesure où il permet de transporter des rois, des princes, des personnalités de haut rang et toute autre personne sous cette terre". Pour l’instant, Transco utilise cinq femmes conductrices en réseau et quatre qui sont en recyclage, a-t-elle confié.

Raymond Okeseleke


(ROL/Yes)