Beaucoup de Congolais ont salué la décision du Tribunal de grande instance de la Gombe rendue tard la nuit de ce samedi 15 mai en toute disproportion, allant jusqu'à condamner à la peine capitale une vingtaine d'interpellés lors des affrontements entre deux camps musulmans rivaux le jour de la clôture du Ramadan.

Peine de mort pour ça ? Je rêve ou quoi? Décidément, il y a quelque chose qui ne va pas dans ce pays.

Dans ce même stade des Martyrs, nous avons vu pire que ce qui s'est passé le 13 mai. Des matches de football conduisant à des morts d'hommes et à des destructions méchantes, on n’en compte presque plus. Mais, on n'a jamais compté un seul procès condamnant leurs auteurs.

Non loin du stade, sur l'avenue Gambela à Kasa-Vubu, qui n'a pas vu ce policier lapidé lors d'une marche de l'UDPS, parti au pouvoir, en juin dernier, contre les propositions de loi de réforme de la justice initiées par les députés FCC Minaku et Sakata? Qui a vu un procès ? Personne.

Plus grave, comment expliquer à un apprenant du droit pénal le fait que Ne Muanda Nsemi à Kinshasa et Gédéon Kyungu dans le Katanga, ont bénéficié ou continuent de bénéficier des privilèges de la République alors qu'ils ont été à plusieurs reprises auteurs de graves troubles à l'ordre public ayant coûté la vie à des centaines de personnes ? Je ne suis pas musulman, je n'ai pas non plus un membre de famille qui a la foi islamique, mais je suis contre ces prédispositions à penser au djihadisme chaque fois qu'un musulman ou un groupe de musulmans se méconduit dans la société.

L'Etat de droit, c'est là où règne une justice équitable non discriminatoire, où chacun est jugé selon ses actes et non selon son appartenance religieuse, politique ou raciale.

L'État de droit n'a rien à voir avec un spectacle conçu devant les caméras de la télévision nationale, pour lancer un message fort aux musulmans : "N'osez même pas avec votre terrorisme dans ce pays".

L'Etat de droit n'a rien à voir avec une justice spectacle, fainéante qui ne s'est donnée la peine d'identifier les vrais auteurs des évènements du 13 mai, encore moins de peser la mesure de la chose.

Socrate Nsimba


(SN/PKF)