Des affrontements entre Palestiniens et policiers israéliens ont fait près de 300 blessés, lundi 10 mai, sur l'esplanade des Mosquées, après un week-end de violences à Jérusalem-Est.

Face à cette escalade, une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU est prévue lundi dans la journée sur la situation à Jérusalem, à la demande de la Tunisie.

Alors que les appels internationaux au calme se multiplient, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué la "fermeté" des forces de l'ordre pour garantir la "stabilité" à Jérusalem. "Nous les soutenons dans cette juste lutte", a-t-il dit, dénonçant une couverture "trompeuse et erronée" selon lui par les "médias internationaux" des développements à Jérusalem.

"La journée de Jérusalem"

La reprise des violences a coïncidé avec "la Journée de Jérusalem", marquant selon le calendrier hébraïque la conquête de Jérusalem-Est par l'État hébreu. Tôt le matin, des centaines voire des milliers de Palestiniens ont lancé des projectiles en direction des forces de l'ordre israéliennes positionnées à l'intérieur de l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam nommé Mont du Temple par les Juifs.

Le Croissant-Rouge palestinien a fait état de plus de 278 blessés palestiniens, dont 205 ont été hospitalisés. Selon le docteur Adnane Farhoud, directeur général de l'hôpital Maqassed, il y a de nombreuses blessures au visage et aux yeux par des balles en caoutchouc.

La police israélienne a fait, elle, état de neuf blessés dans ses rangs. Elle a aussi indiqué dans un communiqué être à pied d'œuvre pour tenter de juguler les violences sur l'esplanade mais aussi "dans d'autres secteurs de la Vieille Ville de Jérusalem". "La prière se poursuit comme d'habitude" au mur des Lamentations, qui jouxte l'esplanade, mais "nous ne laisserons pas des extrémistes menacer la sécurité du public", a-t-elle ajouté.

Non loin de l'esplanade, et signe des vives tensions, une voiture transportant des Israéliens a été la cible de jets de pierres et a perdu le contrôle avant de foncer sur des Palestiniens, selon la police et des images d'un journaliste sur place. Une fois immobilisé, le véhicule a été attaqué par plusieurs personnes qui ont lancé des projectiles sur les passagers avant qu'un policier israélien ne les disperse en tirant en l'air.

Vendredi soir, plus de 200 personnes – en grande majorité des Palestinien – ont été blessées dans des heurts entre policiers et Palestiniens sur l'esplanade des Mosquées. Samedi et dimanche, le calme était revenu sur l'esplanade mais les heurts ont continué entre Palestiniens et policiers israéliens dans d'autres secteurs de Jérusalem-Est, faisant au total plus d'une centaine de Palestiniens blessés, selon le Croissant rouge palestinien. La police israélienne a également fait état de blessés dans ses rangs.

Le sort des familles du quartier de Cheikh Jarrah

Dimanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti que l'État hébreu "continuera d'assurer la liberté de culte, mais n'autorisera pas des émeutes violentes".

"Nous ferons respecter la loi et l'ordre, avec fermeté et responsabilité", a-t-il dit, en défendant le développement des colonies juives à Jérusalem-Est. "Jérusalem est la capitale d'Israël. Alors que chaque nation construit sa capitale, nous avons aussi le droit de construire à Jérusalem. C'est ce que nous avons fait et c'est ce que nous continuerons de faire".

L'un des vecteurs de tension des dernières semaines à Jérusalem-Est est le sort de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah qui sont menacées d'expulsion au profit de colons juifs. Une audience clé de la Cour suprême dans cette affaire devait se tenir lundi mais a été reportée "à la lumière du contexte actuel", a indiqué la justice.

Par ailleurs, dans la bande de Gaza, enclave palestinienne contrôlée par les islamistes du Hamas, des ballons incendiaires et des roquettes ont été lancés vers Israël en appui aux manifestants de Jérusalem.

L'armée israélienne a annoncé le tir de sept nouvelles roquettes dimanche soir et tôt lundi depuis Gaza vers le sud d'Israël, dont deux ont été interceptées par le système anti-missiles israélien "Dôme de fer" et trois se sont abattues dans des terrains vagues sans faire de blessé ni de dégât.

En représailles, des chars israéliens "ont attaqué des postes militaires" du Hamas dans le sud de la bande de Gaza, a indiqué l'armée qui a aussi fermé le point de passage d'Erez, le seul permettant à la population de Gaza de sortir vers Israël.

La "profonde préoccupation" de l'ONU

Premier allié de l'État hébreu, les États-Unis ont appelé "responsables israéliens et palestiniens à agir pour mettre un terme à la violence", et exprimé leur inquiétude quant à "l'expulsion potentielle des familles palestiniennes de Cheikh Jarrah".

Dans un communiqué, Paris dit craindre pour sa part "une escalade de grande ampleur" et demande à tous les acteurs de faire preuve de la "plus grande retenue".

Les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan, quatre pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël ces derniers mois, ont fait état de leur "profonde inquiétude" appelant Israël au calme. Idem pour le quartette sur le Proche-Orient (USA, Russie, ONU, UE) qui a appelé Israël à faire preuve de "retenue".

De son côté, "le secrétaire général de l'ONU a exprimé sa "profonde préoccupation" et exhorté Israël à un "maximum de retenue".

En Jordanie, pays en paix avec Israël depuis 1994, des centaines de manifestants ont réclamé à Amman la fermeture de l'ambassade d'Israël et l'expulsion de son ambassadeur.

France 24 (Avec AFP)


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