Auparavant, au-delà de 3 verres standards d' alcool par jour (comme ceux servis dans les bars et les restaurants) pour les hommes (21 verres par semaine) et 2 verres pour les femmes (14 verres par semaine), on parlait d'alcoolisme chronique.

Mais le Pr Mamady Mory Keita, indique que cette fréquence de consommation est déjà excessive pour la santé humaine.

''Avec un verre, on est déjà en danger'' souligne le spécialiste.

Quels sont les symptômes de l'alcoolisme chronique ?

L'alcoolisme chronique peut être longtemps sous-estimé car celui qui boit trop et souvent, donne l'impression de bien le supporter.

Pour la personne alcoolique, l'alcool devient l'un des piliers de sa vie et il lui est difficile d'envisager de vivre sans. Sur le plan physique, la personne présente

  • un vieillissement de la peau
  • des yeux rouges
  • une langue tremblante...

Sur le plan comportemental, l'alcool affecte la vie sociale et celle professionnelle.

La personne qui souffre d'alcoolisme a du mal à prendre des décisions.

Ses activités sont réduites sur le plan professionnel et elle devient moins productive.

Les relations sociales sont menacées car l'individu passe plus de temps dans les lieux de consommation d'alcool comme les bars.

L'alcool est responsable de plus de 200 maladies

L'usage nocif de l'alcool entraîne dans le monde 3,3 millions de décès chaque année, soit 5,9% des décès, selon l'Organisation Mondiale de la Santé.

Dans la tranche d'âge 20-39 ans, près de 25% du nombre total de décès sont attribuables à l'alcool.

La consommation d'alcool est un facteur étiologique dans plus de 200 maladies et traumatismes.

Elle est associée au risque d'apparition de problèmes de santé tels que les troubles mentaux et comportementaux, des maladies non transmissibles majeures telles que la cirrhose du foie, certains cancers et des maladies cardiovasculaires, ainsi qu'à des traumatismes résultant d'actes de violence et d'accidents de la circulation.

Comment savoir qu'on est dépendant de l'alcool?

''C'est une question de motivation'' déclare le professeur agrégé en addictologie Mamady Mory Keita.

''Il ya une échelle d'évaluation appelée échelle delta qui permet à la personne de reconnaitre à partir de ses propres appréciations et les appréciations de son entourage qu'il boit trop et qu'il doit réduire sa consommation'' précise l'addictologue.

Mais dans l'alcoolisme chronique la décision est très difficile à prendre.

Pr Mamady Mory Keita. estime qu'il faut de l'aide extérieure car il est quasi impossible pour la personne d'y arriver seul.

Traiter l'alcoolisme chronique

Soigner l'alcoolisme demande d'abord une prise en charge globale.

Cette prise en charge fait appel à plusieurs disciplines médicales car ce n'est pas uniquement le coté psychiatrique qui est concerné.

Il faut faire d'abord une évaluation globale de la situation d'alcool sur le patient puis orienter le diagnostic pour une meilleure prise en charge.

La deuxième étape consiste à la recherche de la motivation de l'individu indique Pr Mamady Mory Keita.

Une fois motivé, il s'engage à arrêter sa consommation d'alcool. L'équipe pluridisciplinaire peut ainsi l'accompagner dans cet objectif.

Selon le professeur, Il y a aussi des médicaments qui ont révolutionné le traitement de l'alcoolisme chronique. Il s'agit entre autres du 'baclofène qui donne de très bons résultats'.

Son action est de prévenir l'envie de boire. Ce médicament remplace dans plusieurs pays dont la Guinée l'acamprosate (Aotal), un traitement relativement ancien qui réduit les effets négatifs de l'abstinence.

L'addictologue ajoute qu'il faut s'adresser aux spécialistes afin notamment de gérer les rechutes.

Ne pas boire d'alcool est la meilleure des préventions.

BBC


(Yes)