Le dépouillement initial n'avait donné au démocrate que quelque 14 000 voix d'avance sur son rival Donald Trump, un écart tellement serré qu'un recomptage à la main a eu lieu. L'écart s'est légèrement rétréci, avec désormais un peu plus de 12 200 voix d'avance pour Joe Biden.

La différence entre les deux candidats étant toujours très mince, le président Donald Trump, qui conteste sa défaite, peut toutefois demander un nouveau recomptage, a précisé un communiqué du bureau du secrétaire d'État de Géorgie, en charge de l'organisation des élections.

Une responsable de la campagne Trump a aussitôt contesté le résultat. « Ce soi-disant recomptage manuel s'est déroulé exactement comme prévu, car la Géorgie a tout simplement recompté tous les suffrages illégaux », a lancé Jenna Ellis. L'équipe de campagne compte bien « explorer toutes les options juridiques », a-t-elle ajouté.

Guérilla menée dans la confusion

Sans la moindre preuve tangible, l'actuel locataire de la Maison Blanche dénonce des fraudes massives dans plusieurs États. Donald Trump s'est lancé dans une guérilla judiciaire menée, dans une extrême confusion, par son avocat personnel, Rudy Giuliani.

« Je pense que [les Américains] sont les témoins d'une incroyable irresponsabilité, de messages incroyablement préjudiciables envoyés au reste du monde sur le fonctionnement de la démocratie », a déclaré Joe Biden depuis son fief de Wilmington, dans le Delaware.

« Il est difficile de comprendre comment cet homme raisonne, a-t-il poursuivi. Je suis convaincu qu'il sait qu'il a perdu et que je prêterai serment le 20 janvier. Ce qu'il fait est tout simplement scandaleux. »

Démocratie minée

Dès le matin, Donald Trump avait attaqué les opérations électorales dans cet État du Sud. Dans une série de tweets, il avait notamment rebondi sur la découverte de près de 6 000 bulletins de vote, dans deux comtés à majorité républicaine.

Une partie avait bien été comptée, mais pas téléchargée dans le système. Les autres semblent avoir été oubliés dans une boîte, selon les autorités locales.

« Cela crée de la confusion et on comprend que des gens s'inquiètent », mais « la bonne nouvelle, c'est que le recomptage a rempli son rôle » en corrigeant ces erreurs, a commenté Gabriel Sterling, l'un des élus républicains en charge de la supervision des opérations.

« Espérons que le président Trump accepte le résultat », avait-il ajouté sur Fox News en regrettant que « les mises en cause » de l'élection « minent les fondations de la démocratie ».

Cet État est au centre de toutes les attentions, car le contrôle du Sénat s'y jouera par ailleurs en janvier lors de deux élections sénatoriales.

« Affaire classée »

Au niveau national, Joe Biden, qui fête ses 78 ans ce vendredi 20 novembre, a remporté près de 80 millions de voix lors du scrutin du 3 novembre, contre un peu moins de 74 millions pour le milliardaire républicain.

Mais la Maison Blanche se joue au travers d'un système de grands électeurs attribués dans chaque État, et la victoire du démocrate est courte dans une poignée d'entre eux. Au-delà de la Géorgie, le président et ses alliés ont déposé une série de recours en Pennsylvanie, dans le Michigan, l'Arizona et le Nevada.

Certains ont été rejetés par les tribunaux, d'autres retirés par les intéressés, mais l'avocat du président, Rudy Giuliani, se démène pour faire vivre les dernières. Cette semaine, pour la première fois depuis des décennies, l'ancien maire de New York a même plaidé devant un juge fédéral, sans apporter d'éléments matériels.

Jeudi, dans un point de presse très décousu, il a brassé plusieurs théories conspirationnistes, accusant le Venezuela ou le philanthrope George Soros d'avoir participé à une fraude organisée, selon lui, par « des chefs démocrates », avec la complicité de Joe Biden lui-même.

Pendant qu'il parlait, Donald Trump tweetait : « Affaire classée de fraude électorale, en masse ! »

« Un appel du président »

Autre front de cette guérilla : deux militants républicains chargés de participer à la certification des résultats près de Detroit, dans le Michigan, ont refusé pendant de longues heures, mardi 17 novembre, d'apposer leur signature, avant de céder face au tollé suscité par ce geste inédit.

Mercredi soir, ils ont souhaité revenir en arrière. Entre-temps, l'une des deux, Monica Palmer, a déclaré avoir « reçu un appel du président Trump. Ce n'était pas de la pression, il s'inquiétait pour ma sécurité. »

Donald Trump, lui, a convoqué à la Maison Blanche des élus républicains du Michigan, rapporte notre correspondante à Washington, Anne Corpet. Il souhaiterait les convaincre de désigner eux-mêmes les grands électeurs de l’État pour contourner le verdict des urnes.

Le sénateur républicain Mitt Romney, ex-candidat à la Maison Blanche et souvent critique de Donald Trump, l'a accusé d'exercer « des pressions manifestes sur les autorités nationales et locales pour renverser la volonté du peuple et renverser l'élection. Il est difficile d'imaginer une action pire et plus anti-démocratique de la part d'un président américain en exercice. »

RFI (Avec agences)


(Yes)