Dans une interview à TV5Monde, Laurent Gbagbo explique pourquoi il décide de parler maintenant, à deux jours de cette présidentielle contestée. « Quand j’ai été acquitté, j’attendais d’être en Côte d’Ivoire pour parler, explique-t-il. Mais aujourd’hui, la date du 31 octobre approche. Les querelles nous amènent dans un gouffre. Si je me tais, ce ne serait pas responsable », déclare l’ancien président.

Laurent Gbagbo dit comprendre et partager la colère des opposants contre le troisième mandat brigué par Alassane Ouattara. « C’est lui qui a commis la faute, parce que c’est lui qui n’a pas respecté la Constitution », ajoute l'ex-chef d'État, qui déclare aussi : « Je suis résolument du côté de l’opposition. » Pour l'ancien président de la République, « l'un des problèmes politiques en Afrique, c'est qu'on écrit des textes sans y croire ».

« Alassane Ouattara a manqué vraiment d’élégance »

Laurent Gbagbo ne retient d’ailleurs pas ses coups contre l’actuel président ivoirien. « Depuis dix ans, tous les progrès en matière de démocratie sont en train de s’écrouler en Côte d’Ivoire », commente-t-il. « Alassane Ouattara a manqué vraiment d’élégance » en parlant de l’affaire du passeport que les autorités ivoiriennes tardent à lui délivrer. « Tant que je ne serai pas dans mon pays, je me sentirai toujours un peu en prison », lâche-t-il depuis la Belgique, où il vit en liberté conditionnelle.

Aujourd’hui, Laurent Gbagbo appelle à la discussion pour sortir de la crise dans laquelle s’enfonce la Côte d’Ivoire. Car « c'est la paix qui est menacée », s'inquiète le prédecesseur d'Alassane Ouattara. « Ce qui nous attend, c’est la catastrophe. Je ne suis pas d’accord pour aller pieds et poings liés à la catastrophe », déclare-t-il. « Faire la paix, cela ne veut d’ailleurs pas dire se réunir dans un magma qu’on appelle "gouvernement d’union nationale" », prévient-il encore.

« Il est toujours temps de parler, déclare enfin Laurent Gbagbo. Je voudrais dire aux Ivoiriens que dans ce combat qui se mène aujourd’hui autour du troisième mandat, je suis résolument du côté de l’opposition à la pratique du troisième mandat ».

Pierre Pinto/RFI


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