Du nom de l’Hôpital général de référence de Kinshasa qui s’appelait « Mama Yemo », sous le régime Mobutu, la chanson censurée décriait les mauvaises conditions de prise en charge médicale dans cet établissement hospitalier. Ce qui n’a pas plu aux gestionnaires de cet hôpital qui menaçaient déjà de coller un procès à l’artiste Karmapa, si sa chanson était diffusée.

Promise depuis de longs mois, cette chanson venait d’être mise en ligne, en version clip sur Youtube, le 23 septembre 2020. Mais c’était sans compter avec la Commission nationale de censure des chansons et spectacles qui vient d’interdire de diffusion de cette chanson. En plus, l’artiste risque de payer une amande allant de 600 à 2000 dollars américains. Une censure qui a fait bondir la Toile. « La chanson a été censurée mais la vraie question est celle de savoir : Qu'a-t-on censuré ? La chanson ou la vérité contenue dans cette chanson ? Cette interpellation donne OBLIGATION au gouvernement de se pencher sur la question! », a tweeté ce lundi 28 septembre l’acteur politique, Daniel Mwana-Nteba.

Pour un autre internaute, cette censure est « une déviation de la part de l’État » face à la réalité de son peuple. « Elle est vraiment révélatrice de l’attitude que le gouvernant a, pas seulement envers l’art, mais envers son peuple. », a écrit Lionel en commentaire.

D’autres, par contre, pensent que la commission de censure aurait été soudoyée par des gestionnaires de cet hôpital pour parvenir à censurer cette chanson. « Cher Mwana-Nteba ; bien sûr que c'est la vérité. La commission de censure a été soudoyée par le médecin-directeur de Maman Yemo pour faire taire Karmapa », écrit Léon Kakesa, en commentaire. Des hashtag naissent pour soutenir l’artiste qui pourrait également se rendre au parquet bientôt pour le même sujet.

Pour la députée Ève Bazaïba, secrétaire générale du parti de Jean-Pierre Bemba, le MLC, c’est simplement « ridicule » de censurer la vérité.

Une censure « ridicule » ! 

« C'est ridicule de censurer la vérité, ça c'est une vérité vraie, la manière dont l'artiste s'exprime. Moi je suis politique, s'il y a quelque chose je vais dénoncer. Maman Yemo, c'est la représentation même de la vie des Congolais. L'accès aux soins de santé, c'est l'un des troisièmes objectifs du développement durable d'ici 2030, alors quel est le rapport que nous allons donner sur la réduction de la mortalité maternelle et enfantine ? », s’est interrogée Ève Bazaïba.

La secrétaire générale du MLC a exprimé son soutien à l’artiste. « Maman Yemo est le reflet de tout ce qui est comme hôpitaux généraux à travers le pays (...) Moi je soutiens Karmapa, parce qu'il a dénoncé. À la place du ministre national et provincial de la Santé, moi je ferais un effort pour sauver Mama Yemo », a-t-elle affirmé.

Dès l’annonce de cette composition de la chanson, surtout à la divulgation de son teaser, l’artiste était déjà à couteaux tirés avec les gestionnaires de l’hôpital incriminé. Ces derniers percevaient dans cette dénonciation de l’artiste, une sorte de dénigrement de cet établissement public. Le Médecin-directeur de cette formation hospitalière avait reconnu, sur les ondes de Top Congo FM, que cette démarche de l’artiste pouvait bien s’inscrire dans le sens d’un plaidoyer pour l’amélioration de la prise en charge des malades. Car, à ce jour, ce sont les frais payés par les patients qui font fonctionner l’hôpital. D’après lui, l’artiste a, au contraire, versé dans les insultes, ce que le personnel médical désapprouve.

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L’artiste, de son côté, soutient que sa chanson n’a fait que relayer la vérité. Le Karmapa pense être incompris par les gestionnaires de l’Hôpital général de référence de Kinshasa (ex Mama Yemo). En compagnie de l’inusable vocal de Sam Mangwana, le Karmapa a dénoncé dans cette chanson les mauvaises conditions de prise en charge et l’insalubrité dans cet hôpital général de référence de la capitale qui a vu plusieurs Congolais naitre là-bas.

Dans un couplet, l’artiste appelle à ce qu’il ne soit « acheminé à Mama Yemo s’il tombait malade. » Parce qu’on y prescrit, selon lui, « des médicaments impropres et des seringues sortant des poches des médecins » en lieu et place d’une pharmacie. Dans la chanson, l’artiste se montre contre ce phénomène qu’il qualifie de « Pharmapoche ».

Dido Nsapu


(DNK/Yes)