Plus de 7 mois après l’entrée du virus dans le continent, l’Afrique reste la zone la moins touchée par le Covid-19. À ce jour, plus de 1,4 million de cas de Covid-19 ont été répertoriés sur le continent africain et près de 35 000 personnes sont mortes à cause du coronavirus, rapporte l'Africa CDC (Centre de prévention et de contrôle des maladies de l'Union africaine). Des chiffres très en deçà des prédictions de l’OMS. Et pourtant, c’est bien la même souche de virus qui frappe l’Europe, d’après des chercheurs. Car, après avoir comparé le code génétique de plusieurs échantillons de SARS-CoV-2 en Afrique, il apparaît que le virus est semblable à celui qui circule dans le vieux continent.

Les scientifiques écartent donc la possibilité d’une souche africaine moins dangereuse. Alors, comment expliquer que le continent échappe en grande partie à la pandémie ? Voilà la grande question qui reste – actuellement – sans réponse. L’OMS a organisé, jeudi 24 septembre, une conférence de presse pour détailler les premières pistes de recherche pour tenter d’expliquer cette situation.

Une première explication viendrait de l’âge de la population africaine, selon le Dr Matshidiso Moeti, directrice de l'OMS en Afrique, cité par RFI. Les scientifiques ont en effet montré que les personnes âgées étaient plus à risque de contracter le Covid-19. « Dans la plupart des pays d’Afrique, environ 3% de la population a plus de 65 ans. Il y a des pays qui ont un taux de mortalité plus élevé en Afrique. L’Algérie, par exemple, où l'on voit que près de 10% de la population a plus de 65 ans. Donc, on pense que l’âge fait une différence. Et il y a d’autres facteurs : la mobilité internationale, la capacité à se déplacer à l’intérieur des pays, les réseaux routiers, le nombre de voiture par habitant. Tout cela joue sur la capacité de diffusion du virus dans les pays. », explique le Dr Matshidiso Moeti.

Pour cet expert, la température ou même la manière de vivre pourraient également jouer. Matshidiso Moeti estime ainsi que le fait que les seniors vivent dans la maison familiale en Afrique et non pas réunis au sein de maisons de retraite, a pu éviter des foyers de contagion.

Pour la professeure Francisca Mutapi, infectiologue à l’université d'Édimbourg, le virus se transmet peu en extérieur. « Et l’Afrique a une part importante de population rurale qui passe du temps en extérieur. Nous venons aussi de commencer une grande étude sur l’immunité croisée au Zimbabwe pour savoir si l’exposition à six autres coronavirus protège la population au SARS-CoV-2. », a affirmé l’infectiologue.

Plus de 10 millions de cas ont été enregistrés dans le monde depuis l'apparition du coronavirus en Chine à la fin de l'année dernière. Le nombre de patients décédés dépasse aujourd'hui les 500 000. La moitié des cas dans le monde ont été enregistrés aux États-Unis et en Europe, mais le Covid-19 se développe rapidement en Amérique. Et l’Afrique reste le continent le moins touché en dépit des mauvais pronostics.

En mars dernier, l’OMS appelait l’Afrique à « se préparer au pire ». Les analystes envisageaient des millions de morts sur le continent, qui compte une majorité de pays pauvres aux systèmes de santé faibles. Mais plus de six mois après le premier cas en Afrique, les ravages attendus ne se sont pas produits et le nombre de cas diminue dans la plupart des pays, explique RFI. Une étonnante résilience du continent qui pousse l’OMS a multiplié des études. Plusieurs programmes de collecte de données sont en cours, notamment dans neuf pays du continent, ils livreront leurs secrets dans quelques mois.

Dido Nsapu


(DNK/PKF)