Qu’est-ce qui n’est pas raconté dans les milieux des femmes à propos des méthodes contraceptives dans une société congolaise encore marquée par des pesanteurs socioculturelles ? Elles rendraient stériles ou obèses, elles causeraient le cancer, le diabète... Beaucoup de fausses informations qui nourrissent encore la réticence chez plusieurs femmes désireuses de contrôler leur procréation.

Les prestataires cliniques ont donc un rôle capital à jouer pour dissiper ces doutes, eux qui sont au quotidien au contact de ces femmes. C’est ainsi que le Programme national de santé de la reproduction (PNSR) a pensé à les outiller sur l’insertion correcte des DIU et retrait difficile des implants. Ils sont au total 45 prestataires cliniques provenant de 22 formations sanitaires reparties sur 7 zones de santé de la ville province de Kinshasa ( Kimbanseke, Kisenso, Kokolo, Bumbu, Selembao, Mbinza Meteo et Kintambo) à bénéficier du 15 au 20 septembre 2020 de cette formation appuyée par l’Ong internationale Ipas. Ces prestataires sont aussi outillés sur la prise en charge des effets secondaires et complications éventuelles.

Le stérilet ne rend pas stérile

Le Diu, autrement appelé "stérilet", est une plastique en forme de T montée d'un filament de cuivre qu'on insère dans l'utérus et qui libère une faible quantité de l'hormone progestative pour prévenir la grossesse. Selon une étude d’Ipas, moins de 0,5% de clientes recourent au DIU. Un très faible choix provoqué notamment à cause de son nom « stérilet ». Ce qui, selon des folles rumeurs, rendrait stérile.

Ces prestataires ainsi formés auront la capacité de non seulement insérer correctement le DIU, mais aussi de conduire un counseling de qualité sur l’offre de DIU en intervalle et en Postpartum pour rassurer ces femmes.

Contrairement au DIU, l’implant est une des méthodes la plus administrée dans les cliniques congolaises, selon une étude de l’organisation Jhpiego. En RDC, les femmes lui ont même trouvé un nom : « Cinquantenaire ». Des implants consistent en un ou deux tubes souples de 4cm de long placés sous la peau du côté intérieur du bras pour qu’ils libèrent une hormone progestative qui prévient la grossesse pendant 3 à 5 ans. Mais il arrive qu’ils soient placés profondément sous la peau (intramusculaire, tissus adipeux). Ce qui rend leur retrait difficile voire complexe. Ainsi, les bénéficiaires de cette formation seront désormais capables de faire ces retraits difficiles en toute sécurité à travers différents techniques. Pas que. Ils sauront aussi prendre en charge les effets secondaires et complications éventuelles.

Donner la bonne information aux femmes

Tout commencera les deux derniers jours de la formation avec des exercices sur les cas réels en stage clinique sur le terrain.

« Cette formation est très capitale pour notre pays où la santé de la mère est très préoccupante. Les femmes en âge de procréer (15 à 49 ans), meurent au moment de l’accouchement, pour des causes évitables. Nous occupons la 6 e place mondiale, la 3e en Afrique en ce qui concerne le décès maternel. C’est vraiment inconcevable », déclare Dr. Vicky Mbutu, coordinatrice provinciale au Programme national de santé de la reproduction (PNSR) qui rappelle que la planification familiale peut réduire de 30 % la mortalité maternelle.

« On impose pas la méthode de contraception à la femme. On doit lui fournir les différentes informations par rapport aux différentes méthodes afin qu’elle fasse le bon choix elle-même », précise-t-elle.

Il sied de rappeler que cette session de renforcement des capacités des prestataires cliniques est facilitée par des formateurs du niveau national, provincial et de la SCOSAF formés et chevronnés en insertion DIU, Implant et leurs retraits. Elle a été lancée officiellement par le chef de division provinciale de la santé de Kinshasa, Dr. Alex Kalume Albati.

Socrate Nsimba


(SNK/Yes)