Dans la capitale congolaise où la municipalité de la Gombe vit en confinement depuis le 6 avril, les choses ne tournent pas vraiment comme souhaitées. Les autorités gouvernementales – pour alléger la tâche aux Congolais particulièrement de Kinshasa – avaient décidé de la gratuité d’eau et d’électricité. Cela, pour permettre notamment aux Kinois – dont la ville est le foyer de la pandémie du Covid-19 – de pouvoir appliquer les mesures barrières notamment en se lavant les mains. Mais plusieurs quartiers ont vu la fréquence de coupure d’eau et d’électricité s’aggraver.

Dans la commune de Ngaliema, à l’Ouest de Kinshasa, au quartier Joli-Parc, comprenant également la célèbre Ma campagne, l’eau est une denrée rare. Plusieurs habitants se plaignent des longues coupures. « Ici, nous connaissons des coupures depuis bien longtemps. Mais elles se sont aggravées ces derniers jours comme pas possible ! », se plaint une femme de ménage habitant près de la place Commerciale de Ma Campagne. En avançant vers la montagne dite de « 80 jours », près de la résidence du leader de la secte politico-religieuse Bundu Dia Mayala, les choses se sont empirées. « Dans le quartier ici, nous percevons la question de l’eau un peu comme la distanciation sociale qui existe entre une belle-mère et son beau-fils. Donc, on ne voit l’eau que de loin ! », s’amuse à imager un habitant de l’avenue Benseke. Avant de regretter les attroupements que crée Ne Mwanda Nsemi – leader de ladite secte – qui continue de faire abriter une vingtaine de ses adeptes, sans une eau potable régulière. Mais dans ce quartier, plusieurs familles se sont accommodées au manque d’eau et se sont ruées sur l’eau des forages.

La plainte du manque de cette denrée vitale dépasse en effet les limites de ce quartier. Au cours d’une émission politique diffusée ce vendredi 10 avril 2020, l’Evêque Pascal Mukuna, responsable des églises ACK (Assemblée chrétienne de Kinshasa) avoue avoir passé plus de deux semaines dans son quartier sans voir l’eau couler de son robinet. Et les plaintes sur le manque d’électricité sont tout aussi légion.

Dans le quartier Congo, près du camp Luka, plusieurs habitants soupçonnent des agents de la SNEL (Société nationale d’électricité) d’être responsables des coupures intempestives du courant électrique. « Ils disent qu’ils ne peuvent pas manquer à manger pendant ce temps de confinement. Et ils débranchent nos câbles à la cabine pour faire des porte-à-porte afin de demander la cotisation des familles pour réparer une panne imaginaire qu’ils ont eux-mêmes créée. », a affirmé Junior Matondo, le tenancier d’une boutique à qui des agents de la SNEL scient les côtes pour lui soutirer des cotisations. Ces plaintes sont quasiment généralisées dans plusieurs communes de Kinshasa. A la SNEL, certaines autorités avouent ne pas être au courant des tels problèmes. Mais les plaintes sont bien réelles et font déchanter bien des Congolais qui avaient perçu la gratuité de ces biens comme une manne venant des autorités politiques.                      

Dido Nsapu