La ville de Kinshasa s’est réveillée en mode confinement quasi-général, ce samedi 28 mars 2020. En dehors des quelques taxis sur des arrêts de bus presque vides et quelques véhicules privés qui circulent, plusieurs Congolais de Kinshasa ont préféré rester à la maison, ce matin. Cela, après des attroupements observés, vendredi 27 mars, dans des marchés de la capitale où des Kinois ont profité d’un jour qui leur restait pour s’approvisionner en vivres, avant le deadline du confinement général.

Mais le soir de ce vendredi, une contre-décision tombe, sonnant comme une sorte d’incompréhension chez plusieurs Kinois d’en bas. « Enlevez vos masques, Ngobila a dit qu’il n’y a plus de virus », s’écrie un vendeur ambulant au milieu des étalages du marché de Delvaux, à Ngaliema. Chez d’autres Kinois, c’est simplement la colère, après s’être frottés avec des inconnus au marché avec le risque de propager davantage le virus. « Nous avons fait des approvisionnements avec le peu d’argent que nous avons et maintenant il n’y a plus de confinement ? », s’étonne un autre Kinois revenant des achats.

Plusieurs marchés étaient restés ouverts jusque tard, dans la soirée de vendredi. Du côté du gouvernement provincial de Kinshasa, la raison du report de ce confinement est tout aussi incompréhensible. Son porte-parole, Charles Mbuta Muntu, évoque la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité, observée à la veille du confinement total. Et pourtant, les prix de ces produits ont connu leur flambée depuis l’annonce du premier cas de Covid-19 en République démocratique du Congo, le 10 mars dernier.

Mais plus tard, la vraie raison du report est venue du gouvernement central qui aurait mis la pression sur l’Hôtel de ville de Kinshasa pour lever cette mesure de confinement général. Dans un communiqué parvenu à Digitalcongo.net ce samedi 28 mars, Albert Lieke, directeur de communication du Premier ministre, Sylvestre Ilunga, indique que la mise en application de cette mesure a été renvoyée pour trois raisons, à savoir : les bousculades observées dans la capitale à l'annonce de la mesure de confinement ; le confinement doit avoir un objectif, à savoir confiner, tester et traiter ; puis enfin l'épicentre de l'épidémie, étant situé dans la commune de la Gombe (à l’extrême Ouest de Kinshasa), il importe que le confinement soit accompagné du dépistage sélectif, c'est-à-dire, centré sur le foyer de la pandémie. Ces avis ont été donnés par les experts lors de la réunion convoquée, vendredi dernier, à la Primature.

Plusieurs critiques ont suivi l’annonce du report de ce confinement total par intermittence (4 jours de confinement et 2 jours d’approvisionnements). Selon le député Sam Bokolombe, l’idée de confiner tous les Kinois était du « copier-coller ». « La décision copiée-collée de confinement total de la ville de Kinshasa n’est pas responsable. Les nécessités de survie risquent de la rendre inopérante dans certains coins de la capitale », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : « J’imagine aussi le chaos qui va caractériser les deux jours d’approvisionnements. La ville n’aurait pas les moyens d’en assurer un encadrement adéquat. Avec un peu d’imagination on aurait pu juste renforcer l’approche de la distanciation sociale et les mesures barrières contre le Covid-19 », a-t-il préconisé.

Dido Nsapu


(DNK/Yes)