Alors que les marchands de Kinshasa sont restés calfeutrés chez eux, les producteurs de charbons de bois ont détalé pour de bon, très effrayés par des cas de contamination au virus de Covid-19. De quoi attiser les préoccupations sur la pénurie brutale de braises, dont les provinces voisines à la capitale en sont les moteurs cruciaux.

C'est sans doute le plus important signe de l'impact de l'épidémie de coronavirus sur l'économie domestique des Kinois : la pénurie draconienne des produits champêtres et la hausse effrénée des prix des mêmes produits.

Selon la majorité des ménagères rencontrées dans les quartiers de la capitale, le charbon de bois est employé comme produit de substitution à l’énergie électrique. Le précieux combustible représente l’unique source d’énergie pour 80 à 90% des foyers, faute d’électricité.

Plusieurs sources indiquent que les dépôts de charbons (Makala en lingala), qui fournit des sacs d’une bonne dizaine de kilos, soit par morceaux disposés en pyramides dans une bassine, sont en rupture de stocks. Faute d’électricité, la quête et l’économie du "makala" rythment la vie quotidienne dans les marchés et le long des routes.

Ce produit s’obtient au travers de sa chaîne de production : abattage des arbres, carbonisation du bois à l’étouffée dans des fours en terre, transports des sacs à vélo ou à pied, vente au marché…C’est d’autant plus vrai à Kinshasa, et sa dizaine de millions d’habitants en croissance rapide, reste la ville la plus consommatrice du produit.

Autour de la capitale, il n’y a plus d’arbres à l’est sur les plateaux Bateke ou au bord du fleuve, ni à l’ouest, sur les collines le long de la RN1 qui va à Matadi. Kinshasa consomme cinq millions de tonnes de bois par an, qui proviendraient de l’exploitation d’environ 60.000 hectares de forêts naturelles périurbaines, indiquent des sources concordantes.

Raymond Okeseleke


(ROL/PKF)