Kinshasa tend à sombrer dans une crise alimentaire sans précédent. Devant la hausse effrénée des denrées alimentaires sur les marchés, des voix s’élèvent. Des Kinois disent être au bord du précipice après l’annonce des mesures salutaires permettant de se barricader face au virus Covid-19.

Dans un contexte de crise sanitaire, les prix des produits alimentaires ont augmenté drastiquement. Des Kinois qui déjà, peinaient à joindre les deux bouts en temps normal se retrouvent dans une situation encore plus difficile. Inquiets, les ménagères des quartiers périphériques se sont précipités dans les lieux d’approvisionnement pour faire des stocks de provisions.

Et, à la manière des gens se préparant pour une guerre, elles étaient tout simplement médusées par l'afflux d’un nombre important de clients réclamant du riz, de la braise, de l'huile, du sucre et de la farine. Dans les ports situés en aval du quartier Kingabwa, les habitants se sont rués vers les points d’approvisionnement pour faire des réserves d’urgence. Les étalages se vident, et les détaillants ne peuvent répondre à la demande.

C'est sans doute le premier signe de l'impact de l'épidémie de coronavirus sur les économies domestiques de la ville : l'envolée du prix de sac de charbon de bois, passant de 20. 000 à 40 000 francs congolais, soit le double. Selon les chiffres émanant des marchands des céréales, le sac de maïs se négocie actuellement  à 80, voire 100. 000 francs congolais, un record depuis janvier 2020.

En cause, une poussée des prix alimentaires qui affichent une progression de 100 % en rythme hebdomadaire. Ce, alors que, dans le même temps, le prix des produits non alimentaire a progressé de 1,6 % bien qu’en retrait momentanément.

Dans ce cadre, la Cenco a réagi face à la hausse exagérée des prix des produits sur le marché et à la stigmatisation à l’endroit des personnes malades du Coronavirus.

Le secrétaire général de cette structure, abbé Donatien Nshole, a rappelé que le moment est très difficile pour tout le monde et qu’il ne faut pas en profiter au détriment de l’autre. Selon lui, la majoration des prix de denrées alimentaires par certains commerçants est de nature à en rajouter à cette dure épreuve.

"Les temps sont durs ! Nous sommes face à une réalité qui peut s’aggraver. Le confinement qui nous est imposé est salutaire, mais difficile à vivre surtout pour la majorité qui vit au jour le jour. Dommage qu’il y a des spéculations par rapport aux prix", a-t-il déploré, indiquant au contraire que "c’est le moment plus que jamais de vivre les valeurs comme la solidarité et la charité".

"Ne tenons pas compte de nous-mêmes parce que la victoire doit être collective. Pensons aux voisins, ainsi nous bénéficierons de l’attention des autres. Les gens qui souffrent ont besoin de la compassion et non pas d’être stigmatisés. Car cette maladie est une disgrâce qui peut arriver à tout le monde. Aujourd’hui, c’est lui, demain c’est peut-être votre proche parent. Donc, soyons solidaires et gentils".

Raymond Okeseleke


(ROL/PKF)