Le mercredi 18 mars 2020, l’Etat congolais a mis en place de nouveaux dispositifs plus stricts, plus directs et plus conformes pour faire face à la pandémie. Les tenanciers des bars, les propriétaires des salles de fête, et autres opérateurs du domaine ont accueilli malgré eux les nouvelles recommandations avec chagrin.

Face à une menace de contamination annoncée toujours plus forte, ces opérateurs obligés de se plier aux exigences sanitaires du gouvernement se sont vus contraints à mettre la clé sous le paillasson. Dans la foulée, ces mesures ont porté un véritable coup de massue à leurs business. Les veillées mortuaires et bain de consolation, attroupement de plus de vingt personnes profitaient impunément aux propriétaires des salles de fête et des espaces publics similaires.

Conscients de cette responsabilité historique, les tenanciers des bars, les organisateurs des fêtes, les percepteurs des revenus tirés des funérailles entendus, ont été dans l’obligation de manifester leur consentement pour ne pas vouloir embraser le pays.

D’autant plus que dans la capitale, la mort est restée depuis longtemps des occasions pour les businessmen de se faire de l’argent. Sur ce plan, le deuil apparaît comme une manifestation festive ayant un impact négatif sur les économies domestiques. Et, ces opérateurs ont toujours accordé plus d'importance aux dépouilles mortelles qu'aux malades, aux morts qu'aux vivants.

Même ceux qui n'ont pas d'argent pour prendre en charge leurs malades savent trouver des moyens à la fois économiques et financiers, matériels et humains pour organiser les funérailles les plus coûteuses des leurs.

C'est dire combien les funérailles constituent l'occasion pour la famille éprouvée de préparer un voyage digne dans l'autre monde à leur proche. Ils n'y arrivent que grâce à la solidarité (cotisations des proches, apports individuels spontanés et contributions de compassion) qui intervient surtout dans l'organisation de la veillée mortuaire.

Le processus commence depuis l'annonce du décès après la constatation de la mort, jusqu'à la levée du corps. Les cérémonies sont dispendieuses voire concurrentielles en ce qui concerne le cercueil, le corbillard, la tombe, les convois funéraires et les rites exigés.

Une activité prospère

Kinshasa comptait jusqu’avant les mesures du 18 mars 2020 des centaines de deuils par jour, les salles de fêtes qui servent de funérarium représentaient une activité prospère dans la capitale aux 10 millions d’habitants. Selon des sources, Kinshasa compte plus de 800 salles bien répertoriées.

Le coût écrasant des obsèques et des cérémonies de deuil pour des familles endeuillées sans grands moyens, soumises à cette forte tradition sociale. Morgue, exposition du corps au funérarium, inhumation, accueil du clan élargi : la facture peut s’élever jusqu’à 2 500 dollars, où un employé de supermarché touche entre 100 et 150 dollars par mois, 120 dollars en moyenne pour un fonctionnaire.

Raymond Okeseleke


(ROL/Yes)