Selon des sources, certains politiciens habitués à saigner à blanc le Trésor public ne jureraient plus que par le départ de l’actuel Argentier national. On les soupçonnerait même d'instrumentaliser certains syndicalistes et agents qui battent le pavé devant l’immeuble vitré abritant le cabinet du Ministre des Finances dans le but de ternir l’image de ce technocrate, évoquant des dossiers dont il n’est pas totalement responsable.

Plus d'un observateur constate, comme par enchantement, que toutes les revendications sur les salaires et primes sont désormais orientées vers un seul membre du Gouvernement accusé à tort de bloquer tous les paiements, et ce, même pour les dossiers datant d’avant l’avènement de l’actuel Gouvernement. C'est le cas notamment des syndicalistes de la Regideso et de la SCTP (ex-Onatra) qui, pourtant, sont des sociétés publiques commerciales dotées d’une autonomie financière, des agents de la CENI, les balayeurs des rues de Kinshasa qui, bien que gérés par l’Hôtel de ville de Kinshasa, revendiquent à tue-tête devant le cabinet du ministre des Finances, proférant des injures à ce père de famille congolais dont le seul péché commis est d’appartenir à la famille politique du FCC, de faire preuve de détermination dans la gestion des finances publiques avec discipline et d’observer les engagements pris vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI) salutaires pour la réussite du mandat du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi Tshilombo.

Et comme si cela ne suffisait pas, une nouvelle accusation a été portée contre le ministre des Finances par le Directeur de cabinet du président de la République, Vital Kamerhe, le 24 janvier dernier au micro de RFI, le condamnant d’être responsable du marasme économique observé pour avoir  « interdit » aux banques commerciales d’octroyer des crédits aux provinces et entreprises privées.

Dans sa mise au point, le ministère des Finances à travers un tweet, s’est dit surpris d’apprendre qu’il y aurait une mesure interdisant aux banques commerciales d’octroyer des crédits aux commerçants et a tenu à rassurer les milieux des affaires et l’opinion en général qu’aucune décision de cette nature n’émane de lui.

Mettre de l’ordre dans les finances publiques

L’opinion publique a suivi avec indignation le rapport récemment publié par l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) qui a épinglé les dépenses réalisées à travers les travaux du programme dit de « 100 jours ». Son constat est sidérant ! Plusieurs travaux ont été surfacturés ! Et même le ministère de tutelle (ITPR) n’a pu contrôler ces travaux qui se sont déroulés – pendant un moment – en vase clos, avant la mise en place du nouveau gouvernement. « Qu’est-ce qui, dans les matériaux de construction à Kinshasa, a couté aussi cher pour avoir par école un coût d’à peu près 820 mille dollars au lieu d’être de 150 mille dollars au maximum ? », s’interroge Florimond Muteba, président du conseil d’administration de l’ODEP au micro de Tv5Monde.

La Présidence de la République, elle-même, évalue le coût global des projets à 497 millions de dollars. Un montant qui, selon l’ODEP, est 5 fois plus que ce qu’il fallait. Il y a également la fameuse pratique des marchés passés de gré à gré par la Présidence. « Il y a des marchés qui ont été passés de gré à gré sans tenir compte de l’expertise de l’entrepreneur. Il faut impérativement que des mesures drastiques soient prises contre les auteurs de cette forfaiture ou de cette gabegie financière », recommande Constant Mutamba, avocat et cadre du FCC.  

Des exigences incontournables du FMI

Tous les coups semblent se diriger contre le ministre des Finances, Sele Yalaghuli, qui passe désormais pour le bouc émissaire parfait pour justifier l’incompétence et la contreperformance de certains ministres. L’on se rappellera que c’est sous l’égide du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi Tshilombo que le Gouvernement dirigé par le Premier ministre a décidé de renouer avec le Fonds monétaire international (FMI) dans le but de solliciter une assistance financière indispensable à la réalisation de son ambitieux programme.

Renouer avec cette institution de Bretton Woods renvoie immédiatement à l’observance d’une orthodoxie financière. C’est à quoi l’argentier national se bat dans un contexte si difficile. Malheureusement, l’action du ministre des Finances reste incomprise par plusieurs.

Des personnes mal intentionnées donnent même au ministre des Finances le pouvoir qu’il n’a pas, c’est-à-dire, celui de bloquer les décisions validées par le Premier ministre, alors que toutes les options en matière économique et financière sont levées dans le cadre des réunions du conseil des ministres et de différentes réunions du Comité de conjoncture du Gouvernement sous la direction du Premier ministre lui-même.

Qu’on ne s’en cache pas. Toutes les institutions se doivent de travailler en symbiose pour s’accommoder aux exigences du FMI afin de bénéficier, une fois le programme conclu formellement avec le gouvernement, des appuis budgétaires de la Banque mondiale pour un minimum d’1 milliard de dollars. Respectivement 500 millions de dollars en 2020 et 500 millions en 2021. Et au-delà de ces appuis, il y aura le soutien budgétaire de la Banque africaine de développement (BAD) et de l’Union européenne ainsi que d’autres partenaires.

Ainsi donc, vouloir se passer de cette discipline budgétaire c’est manifestement chercher à saboter l’ambitieux programme du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi Tshilombo auquel les institutions de Bretton Woods sont disposées à apporter leur soutien sous certaines conditions, bien sûr.

Dido Nsapu


(DN/PKF)