L'opposition démocrate réclame sa destitution tandis la majorité républicaine est déterminée à l'acquitter, si possible au pas de course. Washington va connaître une journée d’audience en rapport avec le procès historique de Donald Trump pour lequel le  Sénat américain va tenir les débats ce mardi 21 janvier 2020.

C’est sous la haute présidence du chef de la Cour suprême John Roberts, que les 100 élus de la Chambre haute doivent décider si le président américain s'est rendu coupable d'abus de pouvoir et d'entrave à la bonne marche du Congrès dans le cadre de l'affaire ukrainienne.

Donald Trump est accusé d’avoir demandé à l’Ukraine d’enquêter sur son potentiel adversaire à la présidentielle américaine de novembre, Joe Biden. Et d’avoir fait pression sur Kiev en conditionnant notamment une aide militaire cruciale à l’annonce d’une telle enquête.

"Le président n'a rien fait de mal", insistent les avocats de Donald Trump dans leur argumentaire de 110 pages, soumis lundi au Sénat. Ces derniers dénoncent un "processus truqué", qui a abouti à "une perversion dangereuse de la Constitution". Ils ont estimé que les chefs d'accusation adoptés avec les seules voix démocrates n'étaient pas passibles de destitution car ils ne comportaient "aucun crime ou violation de la loi".

Il  sied de noter que Donald Trump sera physiquement absent des audiences au Sénat et y sera représenté par une équipe d'avocats. Et une équipe juridique de la Maison Blanche, qui a recruté quelques vedettes des prétoires, comme l'ex-procureur Kenneth Starr qui tenta de faire tomber Bill Clinton dans l'affaire Lewinsky. Il a appelé le Sénat à "acquitter immédiatement" le 45ème  président des États-Unis.

Celui qui assumera le rôle de procureur général,  le démocrate Adam Schiff, entend au contraire prouver que le locataire de la Maison Blanche "s'est livré à un tiercé de fautes constitutionnelles méritant une destitution". "Il a sollicité également une ingérence étrangère, qui a mis en danger notre sécurité nationale et tenté de tricher en vue de la prochaine élection". "Il est le pire cauchemar des pères de la Constitution", a-t-il martelé.

Pour les démocrates chargés de porter l'accusation lors du procès, Donald Trump affirme ainsi "que le Sénat ne peut pas le destituer même si les accusations contre lui sont prouvées".

L'acquittement semble pratiquement assuré pour Donald Trump, grâce à la majorité républicaine du Sénat (53 élus sur 100). La durée des débats reste en revanche une question en suspens.

Au programme, d’après certaines sources, il y aurait donc deux journées de 12 heures pour l’accusation et autant pour la défense afin qu’elles exposent leur argumentaire, puis 16 heures de questions des sénateurs soumises par écrit au président de la Cour suprême. Beaucoup trop court, selon l’opposition démocrate au Sénat. Leur chef, Chuck Schumer, a dénoncé une « honte nationale ».

En effet, les démocrates ne réclament que quatre acteurs-clés de l’affaire ukrainienne soient convoqués à la barre, dont le chef de cabinet de la Maison Blanche Mick Mulvaney et l’ex-conseiller à la sécurité nationale John Bolton.

Mais pour cela, ils doivent remporter à chaque fois un vote, ce qui s'annonce difficile au regard du rapport de forces au Sénat.

Pour sa part, le milliardaire  républicain, qui n’est pas personnellement appelé à comparaître, s’est envolé dans la soirée pour Davos, en Suisse.

Gisèle Mbuyi


(GMM/PKF)