Alors que des pans entiers d’hectares vides longent sa grande partie Est (Maluku et N’sele), la ville de Kinshasa confine ses 15 millions d’habitants autour de son centre administratif et commercial, la commune de la Gombe. Ce qui fait que, chaque matin, des millions de Kinois se réveillent et effectuent en majorité une seule direction : atteindre le centre-ville. Ce qui crée des embouteillages monstres sur des voies qui mènent vers la Gombe, zone administrative du pays.

Le gouvernement a saisi depuis un temps la gravité de la situation. Les agrandissements des avenues vantés par l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, lors de son dernier séjour à Kinshasa n’a pas suffi pour fluidifier le trafic. Le caractère unidirectionnel des Kinois, chaque matin, rend toujours la circulation difficile.

Pour trouver une solution à cette situation, le gouvernement pense s’inspirer des modèles africains. Une délégation gouvernementale séjourne à Dakar depuis quelques jours pour s’inspirer des progrès dakarois. Composée de Pius Mwabilu, ministre de l’Urbanisme et Habitat, Molendo Sakombi, ministre des Affaires foncières ainsi que d’Agée Matembo, ministre de l’Aménagement du territoire, cette délégation a visité la ville de Diamniadio, nouveau centre urbain situé à moins de 33 Km de Dakar.

L'objectif principal de Diamniadio est la délocalisation de l'administration trop engorgée. De plus, elle permettrait de soulager la densité de la ville de Dakar, trop peuplée pour l'exode que connaissent les populations de la sous région. Étendue sur 2 500 hectares, cette plateforme devrait permettre d'accueillir des nouvelles activités industrielles et commerciales, de délocaliser des activités administratives, industrielles et commerciales existantes et de mettre en place un cadre propice à la réalisation d’équipements marchands en partenariat avec les secteurs privés étrangers.

Voilà de quoi inspirer les trois ministres congolais dont la mission pourrait prendre fin ce lundi 20 janvier 2020. Kinshasa vit depuis plusieurs années au ralenti. Des Congolais vivant dans la capitale se plaignent des interminables embouteillages. « Je quitte la maison tôt, mais j’arrive avec un retard de deux heures au travail. Ça m’a couté une mise à pied ! », explique un Kinois avec un air désespéré. Il pense faire un déménagement. Pour tenter de résoudre ce problème, le président Félix Tshisekedi lance dans la foulée de ses travaux de « 100 jours » la construction des sauts-de-mouton dans certains grands carrefours de la capitale.

Ces ouvrages vont-ils soulager la circulation des Kinois ? Beaucoup restent encore sceptiques, vu le caractère unidirectionnel du trafic à Kinshasa que des sauts-de-mouton risquent de ne pas résoudre. « D’ailleurs, le premier saute-mouton est terminé à 100 %. Il est même déjà livré à l’autorité. Il reste seulement que l’autorité organise son calendrier pour le livrer à la population bénéficiaire. », assure de son côté, Benjamin Wenga, directeur général de l’Office de voierie et drainage (OVD).

Du haut de la superstructure d’un deuxième chantier de saut-de-mouton, dimanche 12 janvier, au rond-point Mandela dans la fameuse commune de la Gombe, Benjamin Wenga tente de vanter ces ouvrages : « C’est comme ça que nous essayons de fournir des efforts pour que celui de la ville, du cœur de la ville, se termine aussi. Celui que tout le monde doit voir. Il sera comme l’étalon, comme l’échantillon ! Comme ça tout le monde va voir et croire à ce que nous sommes en train de faire. »

Pour lui, 60 ans après l’indépendance, le Congo a 100 millions d'habitants. "Et 100 ans après l’indépendance, nous serons à 400 millions, selon les statistiques officielles. Il faut construire ce pays on ne peut plus attendre ! On doit continuer à répondre aux besoins qui s’expriment ! (...) Il faut sensibiliser tout le monde pour que tout le monde accepte de donner des réponses aux besoins qui se posent dans la vie des Congolais. C’est ce que nous sommes en train de faire.", a-t-il expliqué en assistant à la coulée de béton de la superstructure du saut-de-mouton de la place Ront-point Mandela, à Kinshasa. 


Dido Nsapu


(DNK/Yes)