Depuis plus d’une semaine, la place Royal dans la commune de la Gombe à Kinshasa, fourmille du monde. Des milliers de candidats sont venus déposer leurs dossiers à la direction de cette entreprise publique de douane pour tenter une embauche. Un fait qui étonne des Congolais peu habitués à voir un recrutement en plein jour dans une entreprise publique. « Nous savons que seuls ceux qui ont des tuyaux [des relations au sein de l’entreprise] ont la possibilité d’être embauchés dans une entreprise comme la DGDA. Il faut nécessairement avoir un oncle, un proche parent ou un ami pour être retenu. », a expliqué Nestor, un des candidats qui tente, malgré lui, d’espérer cette fois à un recrutement sans favoritisme.

Et le jour du test, jeudi 26 décembre dernier, une pléthore des candidats préenregistrés se sont pointés à l’Athénée de la Gombe, lieu choisi pour l’épreuve. Ils sont plus de 30 000 à Kinshasa et au Nord-Kivu, plus de 6 000 candidatures sont réceptionnées. Pour certains, ce nombre de demandeurs d’emploi démontre le niveau abyssal du chômage à travers le pays. « Le nombre de dossiers déposés à la DGDA est un message fort de fin d'année. La lutte contre le chômage doit être l'une de nos priorités en 2020. Le chômage (accompagné du sentiment d'être incapable, inutile et humilié par le système) est une situation que je ne souhaite à personne. », a posté sur son compte Facebook, Seth Kikuni, candidat malheureux à la dernière présidentielle.

Pour d’autres, c’est simplement le fruit de l’alternance politique. « Ce concours de la DGDA avant l'alternance, il n'y avait jamais eu un test de recrutement ouvert à la DGDA, OCC, DGM, DGRAD, etc. Seulement à la police. Du coup, la DGDA recrute officiellement la journée. », a écrit le communicologue Eugène Kandolo, sur le même réseau social.

Du côté des candidats qui se sont bousculés à l’escalier pour rejoindre la salle des épreuves hier, jeudi, c’est l’occasion ou rien. Mais d’autres laissent afficher un sentiment mitigé. Ils sont à la fois suspicieux et optimistes. Comme en témoigne un autre candidat à RFI : « Nous savons comment cela se passe au Congo lorsque l’on organise un test comme ça. Il y a déjà une liste préétablie avec des nièces, des cousins, des oncles », fait-il remarquer. Avant de laisser transparaitre un brin d’espoir : « C’est comme ça au Congo, mais nous espérons toujours que nous serons parmi ceux qui seront recrutés. ».

La DGDA qui déborde de dossiers pour ce concours, a seulement besoin de près d’une centaine de nouveaux agents. Etant donné que des postes se sont libérés au cours de la dernière décennie, suite à des décès, licenciements ou départs à la retraite d'agents. Un remplacement en plein jour qui a surpris plus d’un Congolais.

Dido Nsapu


(DNK/Yes)