Ils sont jeunes. Ils sont journalistes, bloggeurs et membres d’associations de défenses des droits de l’homme, en particulier les droits des femmes. Du 16 au 18 décembre à Kinshasa, ils ont bénéficié, grâce à l’Ong internationale Ipas, d’une formation sur la clarification des valeurs pour la transformation des attitudes de façon positive vis-à-vis des avortements dans le cadre du projet Sprint/RDC opposition.

Ce projet de six mois vise à anticiper toute sorte d’opposition digitale sur les questions des soins complets d’avortement sécurisé centrés sur la femme.

En RDC, un pays à majorité chrétienne, les questions des droits à l’avortement suscitent des fortes controverses dans l’espace naturel comme numérique (réseaux sociaux et médias en ligne), malgré une évolution positive du cadre légal en la matière. Le pays a adopté sans réserve en 2003, adhéré en 2008 et publié sur le journal officiel en 2018, le Protocole de Maputo, premier traité spécifiquement africain à aborder la problématique de l’avortement.

L’article 14, alinéa 2, point C, du Protocole dépénalise «  l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus ».

Actuellement, des normes et directives sur les soins complets d’avortement sont en cours d’élaboration pour éviter des dérapages possibles. Selon l’Enquête démographique de la santé 2014, la mortalité maternelle en RDC est de 843 morts sur 100 000 naissances désirables. L’avortement clandestin en est la deuxième cause (17%). Une étude de Guttmacher Institute en collaboration avec l’Université de Kinshasa a repertorié, pour la seule ville de Kinshasa 146 700 avortements en 2016.

Comment anticiper

Les participants à cet atelier ont donc réfléchi sur comment anticiper les risques liés à la propagation des rumeurs et fausses informations sur les soins d’avortements véhiculés à travers les réseaux sociaux et médias en ligne et dont peut se servir l’opposition et créer une opposition numérique à échelle internationale.

« Le numérique est un atout pour partager des évidences et des informations, mais une arme entre les mains de l’opposition », a déclaré Patrick Djemo, représentant-pays Ipas à l’ouverture des travaux. Pour lui, la meilleure façon d’anticiper une mauvaise information est de donner la bonne en premier, sans prétention de chercher à convaincre.

Ces jeunes sont sortis de cet atelier désormais capables de rédiger une bonne information sur les soins complets à l’avortement. Trois jours durant, ils ont bénéficié des informations utiles sur la santé sexuelle et reproductive et sur le cadre légal congolais en matière d’avortement. Des exercices sur les évidences leur ont permis d’effectuer une profonde déconstruction de leur fondement cognitif et psycho social sur les questions d’avortement.

Aux prochaines étapes, il est prévu un atelier d’élaboration des messages, un atelier pré-test et une campagne numérique qui engagera une équipe d’alerte ou de veille sur les réseaux sociaux. Des réunions mensuelles seront organisées durant les six mois d’exécution de ce projet court, mais très important.

Socrate Nsimba


(SNK/Yes)