Dans une interview publiée par notre confrère AFRICANEWS dans sa livraison de mercredi 04 au jeudi 5 décembre 2019, Ilunga Mikanda, l’un des premiers pilotes congolais expérimentés, fierté de l’aviation civile du continent africain, a esquissé en quelques lignes les raisons de la faillite des Lignes aériennes congolaises (LAC). « On a laissé cette compagnie s’effondrer sciemment d’ailleurs. Ce que nous sommes en train de vivre actuellement c’est de la mauvaise volonté politique.

Si le pays est conscient en mettant aux LAC des gens conscients, cette compagnie va redémarrer », a soutenu le commandant Ilunga. Lorsqu’on se rappelle que la compagnie nationale Air-Zaïre était à l’époque la première compagnie africaine, cela fait mal. Ethiopian Airlines qui a pris aujourd’hui cette première place envoyait ses agents en formation chez Air Zaïre. Qu’est ce qui a fait que cette compagnie nationale qui faisait partie de grands groupes avec UTA, SAS, SABENA, ALITALIA, SWISSAIR, etc puisse perdre les pédales ?

La réponse est simple, on n’a pas mis l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. « The right man in the right place », comme disent les anglophones. En effet, au lieu de responsabiliser les personnes formées, la politique est venue se mêler en nommant des managers dont les erreurs de gestion ont précipité le déclin de la compagnie. On ne le dira jamais assez, le problème de la régression de la RDC dans tous les domaines est un problème d’hommes. En son temps, Joseph Kabila s’était plaint de ne pas avoir à ses côtés ne fusse que 15 collaborateurs « conscients ».

Dans son ouvrage intitulé la « République des inconscients », l’ancien sénateur Modeste Mutinga avait tiré la sonnette d’alarme sur cette triste réalité. Les choses laissent croire que son interpellation est reste lettre morte ou n’a pas était entendue. Il suffit pour s’en rendre compte de voir le profil des collaborateurs tant à la présidence de la République que dans les cabinets ministériels. Même des gens qui ne savent pas traiter un dossier sont placés à des postes de responsabilité. Dans certains ministères, des agents de protocole, qui savent tout juste écrire leur nom mais acclament les chefs du parti avec fracas, sont transférés au bureau d’étude pour leur militantisme. La médiocrité semble l’emporter sur la méritocratie. Dans ces conditions, le pays ne peut être tiré que vers le bas.

La vraie débâcle de notre société trouve sa source dans le choix des collaborateurs de nos dirigeants. Il est courant de voir à côté de nos Excellences Messieurs les Ministres, des personnes non qualifiées mais qui ont pour seule mérite de détenir le billet de vote qui pourra contribuer à l’élection du candidat sollicitant leur suffrage. C’est ce qui explique, au demeurant, la grogne et le climat de mécontentement qui règne dans certains partis politiques où les ministres ont placés beaucoup plus les membres de leurs propres familles biologiques ou de leur fief électoral, ignorant de fait les militants même qualifiés qui ont bravé le gaz lacrymogène et toutes sortes de répressions pour leur permettre d’être là où ils se trouvent. Pendant qu’ils enduraient autant de sacrifice, les bénéficiaires de fait se la faisaient couler douce. Le pouvoir rend ivre, dit-on.

St Théodore Ngangu Ilenda


(TN/DNK/Yes)