La déclaration a été faite vendredi 18 octobre à Genève, après la réunion du Comité d’urgence convoquée par le directeur général de l’OMS en vertu du Règlement sanitaire international (RSI). Car trois mois se sont écoulés depuis la déclaration de l’urgence de santé publique de portée internationale (PHEIC) le 17 juillet.

Sur le terrain, les équipes de l’OMS ont constaté que les problèmes d’accès et de sécurité ont une incidence sur la recherche des cas et les enquêtes, la recherche des contacts, les enterrements sûrs et dignes, la décontamination des résidences touchées et les cercles de vaccination dans certaines parties de la zone sanitaire de Mandima.

Cela se reflète dans la diminution de la proportion de cas confirmés inscrits comme contacts (de 57% à 13%) et dans l’augmentation de la proportion de cas de décès à l’extérieur des centres de traitement Ebola ou des centres de transit (de 14% à 27%) la semaine dernière.

« Le nombre relativement faible d’alertes signalées dans les deux zones au cours des 42 derniers jours, soit 32% de moins que le nombre prévu, en témoigne également », a fait valoir l’agence onusienne basée à Genève.

Par ailleurs, l’OMS note que même si la baisse de l’incidence des cas est « encourageante », elle doit être interprétée avec prudence, car la situation demeure fortement tributaire du niveau d’accès et de sécurité dans les collectivités touchées. D’autant que parallèlement à la baisse de l’incidence des cas, les équipes de riposte ont fait état d’un nouveau déplacement des points chauds des milieux urbains vers des collectivités plus rurales et difficiles d’accès, dans une région géographique plus concentrée.

Ces secteurs posent des défis supplémentaires à l’intervention. Il s’agit notamment de la situation de sécurité extrêmement instable, la difficulté d’accès à certaines régions éloignées et une sensibilisation relativement plus faible à Ebola. Cela implique également des retards dans l’engagement avec la collectivité, ce qui entraîne, selon l’OMS, de la méfiance et des malentendus ainsi que la sous-déclaration possible des cas.

Le nombre de cas confirmés du virus d’Ebola a été relativement faible ces dernières semaines, avec 15 nouveaux cas confirmés signalés dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), pendant la semaine du 7 au 13 octobre.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, ces signes encourageants sont toutefois contrebalancés par une augmentation marquée de l’incidence des cas dans l'aire de santé de la mine de Biakato, dans la zone sanitaire de Mandima.

Le directeur de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus adresse un message d'espoir à la population de Mangina résidant près de l'hôpital dans le contexte de l’épidémie de la maladie à virus Ebola (11 août 2018). Photo MONUSCO/Alain Coulibaly

Le directeur de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus adresse un message d'espoir à la population de Mangina résidant près de l'hôpital dans le contexte de l’épidémie de la maladie à virus Ebola (11 août 2018). Photo MONUSCO/Alain Coulibaly

Les agents de santé locaux comprennent mal le mécanisme de transmission

Dans ces conditions, l’OMS redoute que dans de tels environnements, les risques de résurgence restent toujours très élevés. De même, il y a des inquiétudes sur les risques de redistribution de l’épidémie, avec des cas se déplaçant hors des zones sensibles pour se faire soigner ou pour d’autres raisons.

« Ces risques continuent d’être atténués par les importantes activités d’intervention et de préparation en RDC et dans les pays voisins, avec l’appui d’un consortium de partenaires internationaux », tempère toutefois l’OMS.

Par ailleurs, une enquête qualitative récente dans ces zones sanitaires a révélé que la population et les agents de santé locaux comprennent mal le mécanisme de transmission et les symptômes de la maladie, ce qui s’ajoute à un climat de méfiance quant à l’origine de la maladie et aux raisons de la vaccination. Cela peut avoir une incidence sur la déclaration des cas et la participation aux activités d’intervention.

Moins de la moitié des répondants ont indiqué qu’ils appelleraient un service d’assistance téléphonique si un membre de leur communauté était soupçonné d’être atteint d’Ebola, et près de la moitié ont indiqué qu’ils encourageraient un membre de leur famille à se rendre dans un centre de traitement/de transport en commun s’ils étaient soupçonnés d’être atteints d’Ebola.

« Cette enquête souligne l’importance de faire participer les collectivités aux activités d’intervention au cours des prochaines semaines », conclut l’OMS.

Raymond Okeseleke


(ROL/Yes)