Membres de famille, voisins, amis et connaissances ont rendu un dernier hommage à la petite Elonga, inhumée ce 15 octobre 2019, deux semaines après son décès de suite d’un avortement clandestin.

A 14 ans, c’est avec toute son innocence que cette mineure a été poussée par son copain de 22 ans, un certain Héritier, à prendre des comprimés pour interrompre sa grossesse.

Héritier a été condamné au Tribunal de Grande instance de Kinshasa/Kinkole à 15 ans de prison ferme et à 10 millions de francs congolais d’amende pour « viol sur mineure et avortement criminel », au terme d’une audience foraine organisée la semaine dernière au marché de Menkao.

La problématique des avortements en RDC est très préoccupante. Selon la deuxième Enquête démographique de la santé (EDS 2013-2014), l’avortement clandestin est la troisième cause de la mortalité maternelle en RDC.

Les adolescentes sont particulièrement touchées par ce problème de santé publique. Selon la même étude, 65% des filles ont leur premier rapport sexuel avant l'âge de 18 ans. Aussi, 27% de toutes les grossesses proviennent d'adolescentes âgées de 15 à 19 ans qui ont déjà eu une naissance vivante. Ces grossesses non désirées entraînent, très souvent, des avortements clandestins pratiqués par des prestataires non formés, dans des conditions non réunies.

Selon une étude réalisée par l’institut américain Guttmacher en partenariat avec l’Université de Kinshasa (UNIKIN), pas moins de 146 700 avortements ont été pratiqués en 2016 à Kinshasa. Dans la capitale congolaise, estime la même étude, 6 grossesses sur 10 ne sont pas planifiées.

L’accès aux méthodes contraceptives qui constituent un moyen efficace de prévention des grossesses non désirées, est faible. Le taux de prévalence contraceptive en RDC est estimé aujourd’hui à 19%, selon le Programme national de la santé de la reproduction (PNSR).

Des avortements clandestins continuent d’être déplorés dans un pays où  le cadre légal congolais a pourtant évolué avec la publication dans le Journal officiel depuis mars 2018 du Protocole de Maputo qui, dans son Article 14, alinéa 2, point C autorise l’avortement médicalisé « en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus ».

Victime d’un viol, selon la sentence du TGI Kinshasa/Kinkole, la petite Elonga ne serait pas morte si elle était orientée vers une formation sanitaire qualifiée et un prestataire formé pour interrompre en toute sécurité sa grossesse.

Socrate Nsimba


(SNK/YES/PKF)