Les députés provinciaux, obligés d’interrompre leurs vacances parlementaires, ont été en séance extraordinaire ce lundi 23 septembre 2019 pour statuer sur un sujet qui défraie la chronique depuis quelques semaines. En effet, le gouverneur suspendu, Atou Matubuana, est accusé d’avoir "commandité" un scandale sexuel impliquant son adjoint, Justin Luemba.

En ouvrant la session, le président de l’Assemblée provinciale, Anatole Matusila, a appelé les députés provinciaux à « débattre de cette question en toute responsabilité et sans passion ». Pour Anatole Matusila, il ne doit pas y avoir des députés provinciaux de tel ou de tel autre groupe ou tendance politique, tribal ou même territorial. "Il ne doit y avoir que des représentants de la population du Kongo Central, déterminés à garantir l'avenir de leur province. », a-t-il dit aux députés provinciaux.

Le président de cet organe délibérant a également fait remarquer aux élus provinciaux que c’est la voie pour laver leur province désacralisée par cette affaire de sextape. "C'est par ce sens de responsabilité et de l'intérêt général que l'Assemblée provinciale pourra laver cet opprobre et cette infamie jetés sur notre province, notre peuple, sur notre glorieuse histoire et qu'elle contribuera à vite surmonter cette crise, qui nous distrait face aux urgences vitales du développement de notre espace de vie et barrer la route aux vautours et pêcheurs en eaux troubles dont les manœuvres sont déjà en cours pour tirer profit de la situation et perpétuer la misère du peuple que nous représentons", a-t-il conseillé.

Pour rappel, le gouverneur Atou Matubuana est accusé d’avoir commandité le scandale sexuel contre son adjoint, Justin Luemba. Et dans le réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation adressé à l’Assemblée provinciale il y a plus d’une semaine, Flory Kabange Numbi avait demandé à cet organe d’autoriser des poursuites judiciaires contre le gouverneur suspendu. Cet officier du ministère public a noté, dans son réquisitoire, que le gouverneur est poursuivi pour "outrage aux bonnes mœurs" après avoir "piégé" son adjoint, Justin Luemba, alors que celui-ci se "trouvait encore sur un lit en tenue d’Adam".

Flory Kabange Numbi a également noté qu’il est établi que Atou Matubuana "reste le seul et l’unique commanditaire" du scandale sexuel auquel la province se trouve aujourd’hui. Un scandale qui avait suscité des vagues de réactions et des manifestations populaires, demandant parfois le départ du gouverneur incriminé. Simon Mbatshi, un de ses prédécesseurs, évoquait même une désacralisation de leur entité. Alors que Ne Muanda Nsemi, un autre notable de la province et leader du mouvement politico-religieux Bundu Dia Mayala, voyait plutôt une autre crise provinciale, si l’Assemblée autorisait ces poursuites contre le gouverneur.

Le sort de M. Atou Matubuana et de la présumée victime, Justin Luemba, son adjoint, est suspendu à l’appréciation des élus provinciaux. La date de la prochaine plénière n’est pas encore connue. Le Front commun pour le Congo (FCC) – plateforme politique dont l’ex-président Joseph Kabila est l’autorité morale – reste aux aguets. Majoritaire à l’Assemblée provinciale, le FCC avait déjà retiré sa confiance au gouverneur incriminé. Il y a même dépêché une commission pour suivre de près l’épilogue de ce scandale.

Dido Nsapu


(DNK/Yes)