Des images horribles, difficiles à visualiser au regard de leur cruauté, ont inondé les réseaux sociaux depuis dimanche 1er septembre 2019. Elles montrent notamment des individus, présumés sud-africains, en train de s’en prendre violemment à des étrangers et leurs commerces. Ce qui a suscité une vague d’indignation sur le contient.

Hier, mardi après-midi, le président sud-africain a, dans une vidéo postée sur Twitter, condamné  "dans les termes les plus forts" ces violences xénophobes. "Les attaques visant des commerçants étrangers sont totalement inacceptables", a-t-il déclaré. Avant de souhaiter que "cela cesse immédiatement".

Mais l’indignation a déjà fait des vagues… "Quels sont les moyens politiques et économiques en notre disposition pour sanctionner ou faire savoir à l'Afrique du sud notre indignation?", s’est interrogé le Congolais, Seth Kikuni, un des candidats à la dernière présidentielle congolaise. Cet homme d’affaire a immédiatement pensé à ce qui devait réunir l’Afrique dans les tout prochains : « Dans une Afrique où on pense intégration régionale, ce n'est pas normal de voir des telles scènes. »

Même sentiment d’indignation dans les pays beaucoup plus touchés, notamment le Nigeria et la Zambie. Le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, s’est voulu très ferme ! Il a diligenté une mission en Afrique du Sud – qui devrait arriver au plus tard jeudi – et prévu que des « mesures décisives » seraient prises contre l’Afrique du Sud pour répondre à cette nouvelle vague de violences xénophobes. Dans un communiqué de son gouvernement, Buhari juge également "inacceptables" les attaques "perpétuelles" contre les ressortissants nigérians et leurs intérêts économiques en Afrique du Sud.

Alors que l’Afrique est résolument tournée vers la concrétisation de la Zone de libre-échange économique, les signaux provenant de l’un des géants de l’économie du continent demeurent inquiétants. Le Nigeria, l’autre poumon économique d’Afrique sub-saharienne, a semblé jouer à la réciprocité. Des commerces tenus par des Sud-Africains ont été vandalisés à Lagos, notamment le géant de la télécommunication MTN et le télé-distributeur, DSTV.

En Zambie, des sit-in pacifiques devaient être organisés ce jour par des Zambiens pour montrer leur indignation. « J'appelle les Zambiens, à la fois localement et à l'étranger, à rester calmes et à se désengager des actes de violence » dans leur façon de protester, a tempéré sur son compte Twitter, le président zambien, Edgar Lungu. « Il ne doit jamais arriver un moment où la haine parmi les Africains devrait sembler être normale. Ceux qui prêchent la haine doivent cesser. Prions pour la paix et l'unité. », a-t-il ajouté.

De son côté, l’Union africaine a, dans un communiqué signé par Moussa Faki Mahamat, appelé l’Afrique du Sud à préserver les vies des immigrés et leurs commerces. L’institution continentale s’est engagée également à aider à remédier aux "causes profondes qui ont conduit à ces actes ignobles".

La police sud-africaine a fait état de 189 arrestations et a indiqué avoir déployé des renforts dans les points chauds de la capitale économique, Johannesburg. Déjà cinq personnes ont été tuées dans ces émeutes xénophobes et plusieurs autres blessés. Des scènes qui jettent un doute sur l’accélération de la concrétisation de la Zone de libre-échange continental, un marché commun géant pour lequel le Nigeria – une des victimes – avait d’ailleurs trainé les pas avant de s’engager.

Dido Nsapu


(DNK/Yes)