Mardi 20 août 2019, Emery Okundji a salué avec satisfaction la fermeté de l’Association nationale des parents d’élèves et étudiants du Congo, Anapeco, pour son engagement dans "la bonne" formation de l’enfant congolais.

C’était lors de la cérémonie commémorant le jubilé d’or de cette structure de la honte qui, durant des décennies, a amadoué le déficit de formation et de conditions de travail difficiles des enseignants en République démocratique du Congo.

Si bien que cette rencontre aux allures festives ait été placée sous le signe de la promotion de l’éducation et de la formation de qualité, il n’en demeure pas moins qu’il s’est agi là d’un paradoxe qui contraste avec les attentes de vrais parents.

Autant, ce groupe de pression qui prétend prendre faits et causes en faveur des parents, autant il devrait regretter le rabaissement du système éducatif congolais dans sa globalité et les formations douteuses de beaucoup d’éducateurs qui n’ont guère été à la hauteur des attentes.

Qui pis est, le ministre ad intérim de l’Epsp, s’est emballé dans cet anniversaire pour le moins apparent, arguant qu’il a salué la détermination de l’Anepeco pour l’éducation, la formation et l’épanouissement de l’enfant congolais afin qu’il devienne utile pour lui-même et à la nation. Si aujourd’hui, l’image de l’école est altérée en République démocratique du Congo, c’est également avec la participation de telles associations évoluant dans un secteur de l’éducation nationale on ne peut plus important.

La confiance des parents envers l’école s’est bien altérée ces dernières décennies. Ce phénomène trouve son explication d’une part dans l’élévation du taux de chômage chez les diplômés, et d’autre part, l’image de l’environnement scolaire est affectée par plusieurs phénomènes dont la déperdition scolaire qui est source de kuluna et shegués entre autres.

Depuis des décennies, le système scolaire congolais a peiné à inculquer des apprentissages et à éduquer. Et, les instances scolaires ont laissé faire depuis des années, donnant libre-cours à la prise en charge des enseignants par les parents.

Les réactions des internautes qui se répercutent au travers de ces lignes en disent long sur toutes les fioritures contenues tant dans l’intervention du ministre ai en charge de l’Epsp que dans les propos tenus mardi par le président de l’Anapeco. Une façon de voiler le déficit qui a couvé pendant longtemps et qui a caractérisé la formation et les conditions de travail médiocre des enseignants congolais.

A dire vrai, et le ministre ai et le président de l’Anapeco, auraient pu manifester toute leur bonne fois en étant sincère envers eux-mêmes et envers la nation. Beaucoup sont des enseignants qui présentent un déficit de formation initiale et continue. Ce qui freine l’amélioration de la qualité de l’enseignement et conduit à un réel décalage entre les orientations scolaires et les pratiques pédagogiques en classe.

Au cours de l’exercice de leur métier, les enseignants ne bénéficient pas ou presque d’une formation continue planifiée, visant leur recyclage et leur remise à niveau pour l’amélioration de leur métier (approches pédagogiques, nouvelles technologies d’information, qualité, etc.).

Les internautes ont, pour couper la poire en deux, réagi sur la position du ministre a.i de vouloir doper les attentes et les espoirs des parents en leur promettant monts et merveilles et avoir jeté des fleurs à l’Anapeco. La question fondamentale demeure pourtant dans les coulisses de la campagne de provocation en moins de l’Anapeco qui, dans son jeu habituel, n’est pas sans rappeler celui de l’exécutif du temps de la deuxième République. Le secteur s’est effondré. Les écrits des diplômés d’Etat sont truffés de lacunes et toute sorte d’énormités indigestes.

Loin d’avoir l’intention d’incarner la rupture, l’Anapeco a touché du doigt les limites de sa part dans l’amélioration du système éducatif dans son ensemble. Les enseignants n’ont eu qu’à se contenter d’entendre des discours rabâchés sans espérer grand-chose à se mettre sous la dent. Patience accordée pour la gratuité saluée à bras ouverts.

Raymond Okeseleke


(ROL/Yes)