La fin du mandat de l’ancien locataire de l’hôtel de ville de Kinshasa était entourée de polémiques, déconvenues, échecs et mâts qui ont souvent éclipsé ses réalisations. Des Kinois désarçonnés, ont jugé dans leur quasi-unanimité, la gestion opaque de la ville. Sécurité, propreté ou nouvelles mobilités, toutes ces valeurs étaient loin des intentions de l’équipe de l’administration urbaine de Kinshasa qui s’est défénestrée le 30 décembre 2018.

Pour peu que le chef de l’Exécutif provincial est resté endormi sur ses lauriers pendant les 15 ans ou plus de sa mandature sans en épargner les dépenses inutiles. Les rivières de Kinshasa sont plus que polluées. L’hôtel de ville a assourdi toutes les alertes à la pollution des eaux des rivières.

La ville a préféré investir dans les tubes digestifs de ses apparatchiks, plutôt que de donner priorité aux travaux d’assainissement des rivières. Un choix qui lui aurait d’ailleurs permis d’économiser des milliers de dollars dans le secteur environnemental pour la capitale.

Très préoccupés du drame, des observateurs ont été unanimes. Ils ont défini les principaux affluents que sont Kalamu, Makelele, Bitshaku-tshaku, Tshwenge, Mososo, Lukunga, sans oublier N’Djili, comme étant des rivières de plastiques. Autant qu’elles sont couvertes, sur leurs surfaces, d’amas de déchets des vidanges jetés par les consommateurs et les fabricants.

On se croirait dans une décharge publique. Les bouteilles flottent sur l’eau. Elles recouvrent toute la surface de la rivière. Des gosses marchent sur ce tapis de plastique dans l’indifférence presque générale.

« Ça a commencé en 2003-2004, l'entassement des déchets plastiques et les gens qui jettent les déchets plastiques » explique Eric Katankupole, un habitant de la commune de Kalamu. « Surtout lorsqu’il pleut, tout le monde profite de jeter les ordures sous la pluie, dans la rivière de Kalamu. »

La rivière Mososo traverse le quartier dont elle porte le nom, un quartier défavorisé de la capitale kinoise. Une pollution visible mais largement évitable puisque causée par les habitants eux-mêmes.

« C’est déplorable » estime un voisin. « Quand j’étais enfant, je venais me baigner dans cette rivière parce que l’eau était propre. Mais aujourd’hui, les bouteilles et toutes sortes d’ordures y ont élu domicile. C’est regrettable. »

Certains experts ajoutent que les polluants viennent principalement des ménages, mais également des industries. Les eaux usées et les déchets des usines ou les déchets ménagers sont directement et indirectement canalisés dans les rivières.

A en croire ces experts, avec tout ce qu’il y’a comme pollution dans les rivières, il est fort probable que nos propres déchets nous reviennent à travers des robinets. Selon des estimations, plus de 75% des déchets ménagers de la ville sont rejetés dans les rivières. Cette situation alarmante présente une menace pour les ressources en eau à Kinshasa.

Des scientifiques pour leur part, ont proposé des solutions alternatives à cette situation. Vu que les contaminants ont des effets néfastes sur la flore et la faune aquatique, aussi bien en saison sèche qu’en saison des pluies.

Les captages d’eau potable de consommation situés en aval s’en trouveraient sécurisées et améliorées si le Gouvernement national envisageait de mettre sur pied un système de désinfection à l’ozone dans une probable station d’épuration à faire fonctionner en faveur des consommateurs.

Une telle politique d’assainissement des rivières devrait être prise en compte par le Gouvernement en devenir. Des scientifiques l’appellent à resserrer ses exigences et une contribution financière du gouvernement central de soutenir de tels projets structurants.

Raymond Okeseleke


(ROL/GW/Yes)