Dans la matinée de samedi 17 août, devant les militants de l’UDPS, l’information de la nomination et permutation des bourgmestres n’a rien des « fake news ». La certitude est même venue du Secrétaire général du parti, lui-même. « Hier, je les ai appelés un à un pour leur annoncer qu’ils étaient nommés bourgmestres. », a lâché Augustin Kabuya, informant les combattants de la nomination d’au moins 3 bourgmestres venant du parti.

Au PPRD, la gymnastique était presque la même. Là-bas, sans cérémonie solennelle, mais du moins un officiel de la ville, Charles Mbuta Mutu, ministre provincial près le gouverneur de la ville, confirmait, vendredi, à un média en ligne, la nomination de certains jeunes cadres du parti de l’ex-Président, Joseph Kabila. Des jeunes comme Jean Nsaka et Rossy Kiwa ont été nommés respectivement bourgmestres dans les communes de Kinshasa et Lemba.

Cette décision attribuée au gouverneur Gentiny Ngobila Mbaka a, par contre, suscité une levée de boucliers du côté de la société civile et même des politiques. Pour l’Association africaine des Droits de l’Homme (ASADHO), l’Arrêté de Ngobila viole carrément les règles en la matière. Sur son compte Twitter, Jean-Claude Katende, son président, ne ménage pas le gouverneur : « Félix Tshisekedi doit sanctionner Ngobila pour avoir nommé et permuté les bourgmestres », a-t-il tweeté. Avant d’argumenter que la nomination des bourgmestres des communes ne relève pas de la compétence d’un gouverneur. « Ce n’est pas dans ses attributions. La sanction est nécessaire » a-t-il cogné.

Et deux jours après, soit dimanche 18 août, l’Hôtel de ville de la capitale va nier l’Arrêté. Freddy Bonzeke, directeur de cabinet du gouverneur Ngobila, a porté à la connaissance du public que l’Arrêté en circulation est un « faux ». Après enquête, dit son communiqué, le cabinet annonce que la personne qui a posté « ce faux document est déjà identifiée et sera remise à la justice ». Avant de condamner cet acte « irresponsable » et inviter toutes les institutions publiques à « faire très attention aux réseaux sociaux ».

Et pourtant, bien avant la sortie de cet arrêté, des fuites allant dans le sens de ces nominations et permutations inondaient déjà la place publique. Dès vendredi, CAS-INFO, citait Charles Mbuta Mutu, ministre provincial près le gouverneur, Gentiny Ngobila, qui confirmait déjà ces permutations et nominations.

Ce démenti formel de la ville laisse tarauder des questions dans les esprits. Gentiny Ngobila –a-t-il cédé à la pression, après s’être rendu compte de l’illégalité de l’acte posé ? Difficile de répondre par l’affirmatif ! Mais au sein de l’opinion, l’Arrêté et son démenti essuient les mêmes critiques ! « (…) le domaine public n'est pas une scène de théâtre ni un lieu de légèreté. Car il s'agit de la gestion de la VIE », a asséné dans un tweet, Patrick Nkanga, ancien président de la Ligue des jeunes du PPRD, tout en prenant soins de ne pas directement faire allusion à cette situation de l’Hôtel de ville de Kinshasa. Mais son tweet a été immédiatement inondé des commentaires allant dans le sens de critiquer cette forme de rétropédalage de la mairie kinoise. Claudel Lubaya, lui aussi, s’insurge contre « les va-et-vient » de Ngobila.

Après ce rejet de l’Arrêté, Jean-Claude Katende, lui, ne cache pas sa réjouissance : « Je félicite tous ceux qui se sont mobilisés avec nous pour contraindre Ngobila à démentir son Arrêté. Restons mobilisés pour un État de droit ».

Dido Nsapu


(DNK/Yes)