De son vrai nom, Ange Didier Houon, le chanteur ivoirien DJ Arafat a succombé à ses blessures le lundi dernier dans une clinique d’Abidjan, après avoir violement percuté un véhicule avec sa moto. Selon Scovik, un manager de Coupé-décalé, repris par Jeune Afrique, DJ Arafat, qui était un grand amateur de moto, a été victime d’un traumatisme crânien après avoir percuté une voiture dans le quartier d’Angré (nord d’Abidjan).

Mais qu’est-ce que ce « capitaine » de ce style typiquement ivoirien laisse-t-il à ses milliers de fans de la Côte d’Ivoire et d’ailleurs ? Sans doute, premièrement, une dizaine d’albums en 16 ans de carrière. Mais, dans sa chair, le chanteur reconnaissait s’être abreuvé aussi de la musique congolaise. Particulièrement d’un nom : Bill Clinton. D’ailleurs à Kinshasa, beaucoup de Congolais s’y méprennent : « Mon Dieu ! Je le croyais Congolais », s’exclame une Congolaise, se tenant la tête, après avoir appris la mort de la star et surtout sa nationalité ivoirienne. « En écoutant ses morceaux à la radio, je pensais avoir affaire à des artistes comme Bill Clinton ou encore Gesac Tshipoyi. Tellement le timbre vocal est le même. », s’est-elle justifiée en invoquant « Temistocle », un des morceaux de l’artiste.

Didier M’buy, un des mordus de la musique africaine en RDC et enseignant à l’Institut facultaire des sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC) ne manque pas de rappeler. « Malgré sa grosse gueule, il reconnaissait avoir été inspiré entre autres par Monseigneur Ndangwé Bill Clinton... », peut-on lire sur son compte Facebook. Avant de vanter la dimension de la star : « Il y a quatre ans, il [Arafat] était, selon Forbes Afrique et Trace TV, l'artiste-musicien le plus influent d'Afrique, supplantant même les Nigérians ! ».

Abonné au buzz, DJ Arafat s’était lancé en 2017 dans une sorte de challenge lors de la CAN 2017, au Gabon. L’artiste avait parié que si les Eléphants de la Côte d’Ivoire remportent leur match contre les Léopards congolais, la RDC devait rendre trois de ses stars à la Côte d’Ivoire, à savoir Koffi Olimidé, FallyIpupa et Ferre Gola. Mais si la RDC l’emportait, c’est lui qui allait devenir Congolais. Un match qui s’était plutôt soldé sur un score nul (2-2). Ce qui n’avait pas empêché à ce fils de Youpougon de revenir à la charge pour demander en lingala qu’on lui apprête son passeport pour devenir Congolais. Une ambiance qui règne également entre les peuples ivoirien et congolais. Comme si les deux pays étaient vraiment frontaliers.

Avec son brassard d'El Capo du coupé-décalé, qu'il aimait exhiber, pour chambrer ses concurrents sur les bords de la lagune Ébrié, commente Didier M’buy, DJ Arafat s’en est donc allé un peu comme il le prédisait dans une de ses nombreuses vidéos qui font les buzz. « Mon fils est parti… », a écrit Hamed Bakayoko, ministre de la Défense ivoirienne réputé proche des musiciens, particulièrement d’Arafat. « C’est une lourde perte pour la culture africaine. J’adresse mes prières pour le repos de son âme. », s’est-il étalé sur son compte Facebook. Le président ivoirien, Alassane Ouattara a également a rendu hommage à « une icône et un ambassadeur de la musique et de la culture ivoirienne ». A 33 ans, c’est donc une star météorique qui disparait brutalement. Une vraie étoile filante… éteinte dans la polyclinique des Deux-Plateaux, à Cocody (Abidjan).

Dido Nsapu


(DNK/GW/Yes)